le 7 d’Épée 7 septembre
Le 7 d’Épée
Ruse
Le maître-mot des Nombres 7 du Tarot c’est le service. Il s’agit d’une individualité en charge des plus pénibles tâches au service de la communauté. Sous l’égide particulière de L’Étoile, l’Atout-maître des Nombres 7, et secondairement du Chariot, tous les 7 du Tarot renvoient au courage, à l’oblation et au dévouement chevaleresque. Les 7 sont les Nombres marquent en effet à la fois la prise en charge héroïque d’une œuvre nécessaire à la communauté et un caractère sacrificiel dans cette prise en charge. En tant qu’appartenant à la Verticale des II, les Nombres 7 parlent aussi de dualité.
Le 7 d’Épée met donc en relation le Service propre aux 7, au niveau III des Épées (niveau des épreuves et des grandes vertus qui en découlent). Il renvoie à la vie intellectuelle des Épées et leur élément : l’Air. Et il appartient à la Verticale de la dualité. Cette Carte parle donc d’un usage particulier de l’intelligence, en lien avec la dualité du masque, et même la duplicité d’une intelligence au service de la communauté, et une intelligence des relations humaines, de la psychologie humaine : c’est à la ruse que le d’Épée se réfère, ainsi qu’à la manipulation, dans cette aptitude humaine que possède le rusé d’anticiper les pensées et actions des autres pour transformer une situation désavantageuse en succès et réussite.
La ruse est une aptitude très particulière. C’est une aptitude intellectuelle mais à visée pragmatique seulement. Le 7 d’Épée n’est pas un intellectuel, c’est un intelligent stratégique. Le rusé porte un masque, tel est le sens que prend ici la dualité de cette Verticale des II à laquelle appartiennent Chariot et Étoile. On ne sait jamais ce que le rusé pense, mais lui sait exactement ce que les autres pensent et vont faire. Devant le rusé, toujours masqué, chacun se retrouve nu, dénudé par son regard aigu, par sa science intuitive de la conscience humaine. Le rusé ne dévoile jamais ce qu’il pense et ses intentions. Il n’est pas dans la transparence, car celle-ci est une vulnérabilité. Son but est voilé, afin de pouvoir rester maître du coup suivant, imprévisible aux autres. C’est un joueur d’échec. La ruse est une aptitude traditionnellement considérée comme démoniaque, et le Diable, celui qui divise, qui est double dans son étymologie, joue avec les intentions humaines, comme s’ils étaient ses marionnettes. Mais la ruse est aussi valorisée par la Grèce antique, qui la considère comme une déesse et dont le représentant principal est Ulysse. Elle est aimée dans la religion musulmane, bien que souvent pour de mauvaises raisons. Et il y a une ruse divine, fondée, non sur le mépris diabolique des hommes, mais sur la compassion. De ce fait, cette Carte est comme toutes les Cartes à double sens.
Répondant à une question concernant le premier Niveau du Tarot, celui du corps et des réalités matérielles de l’incarnation humaine, le 7 d’Épée exige que soient pris en charge désormais les besoins du corps, mais sans brutalité, avec une réforme progressive des mauvaises habitudes. Il parle d’un membre de la famille (enfant ou parent) qui semble effacé, replié, secret mais qui, en réalité, sait exactement ce qu’il veut, mais il ne l’obtient pas par une attitude franche et conflictuelle, mais par une grande diplomatie, voire de la manipulation.
Répondant à une question concernant le second Niveau du Tarot, celui des investissements sociétaux, le 7 d’Épée indique que la réussite ne peut pas s’obtenir par les voies droites de la compétition officielle. La progression exige beaucoup de souplesse d’échine, de diplomatie et de ruse. Il s’agit d’être quelque peu manipulateur. Tel est un joueur d’échecs, il faut être bien conscient de ses forces et de ses faiblesses, mais aussi observer atouts et faiblesses du rival, afin d’agir en saisissant le bon moment, en appuyant où cela fait mal, et en se servant de la force brutale de l’autre, pour la faire basculer à son avantage. Sports de combat asiatiques. Joueurs de poker, etc.
Le héros le plus connu de la ruse humaine mise au service de sa communauté, c’est Ulysse, le personnage mythologique grec à l’intelligence affutée, aidé par Athéna, la déesse de la raison, et qui parvient à ses fins par le mensonge, en mettant un masque, en observant et en agissant, en sachant saisir le kaïros : le bon moment. C’est par la ruse et grâce à Ulysse que la guerre de Troie s’est achevée dans l’épisode célèbre du fameux cheval de bois rempli des soldats qui mit fin à un siège de plus de 10 ans.
Tirer une telle carte demande qu’on fuie l’affrontement direct qui ne donnera rien de bon, mais qu’on agisse avec sagesse, prudence, et intelligence.
C’est l’interprétation que fait le RWS quand il met en image un homme qui dérobe cinq épées à ses ennemis, les emportant sur la pointe des pieds, un sourire de contentement sur les lèvres. Sans le grand effort qu’aurait exigé un affrontement frontal, il a su affaiblir ses adversaires.
Mais garde qu’il ne soit pris ! Car le rusé alors, affronterait non seulement la haine des ennemis, mais leur mépris, et souvent aussi le mépris des siens. La ruse n’est pas une qualité aimée par les hommes, car elle relève du contraire du fair-play, quand le faible au lieu de s’incliner, cherche encore à triompher. On verra en lui un tricheur.
De ce fait, le rusé qui agit pour le bien de sa communauté assume un côté sacrificiel qui est bien dans la lignée des 7 du Tarot.
Le rusé doit en réalité être doublement rusé, et faire en sorte que sa ruse ne soit pas décodée comme telle.
Répondant à une question concernant le troisième Niveau du Tarot, celui des vices, des épreuves et des grandes vertus qui découlent des épreuves pourvu qu’elles soient vécues dans une certaine forme de conscience, le 7 d’Épée parle d’une personne manipulatrice au mauvais sens du terme : il s’agit du pervers narcissique qui n’éprouve aucune compassion et agit en instrumentalisant totalement l’autre.
Mensonges, manipulation, cabales, malhonnêteté, malversations en tout genre sont au rendez-vous quand cette Carte sort dans une mauvaise posture.
En face d’une telle opposition, les méthodes habituelles dans la gestion des conflits professionnels sont impossibles. Il faut se faire aider, et si l’on peut… fuir. Se mettre à l’abri, en refusant tout contact ou le moins possible.
On demande à celui qui tire une telle Carte en opposition de cultiver franchise, droiture, et honnêteté.
À l’inverse aussi, cette carte en posture révélant un manque, un défaut, incite à cultiver moins de transparence, à apprendre à garder ses secrets, à prendre du recul face au jeu de la vie, pour mieux calculer ses avancées, et comme un joueur de poker de ne pas dévoiler toutes ses cartes, d’en garder en réserve, pour prévenir les mauvais coups.
Répondant à une question concernant le quatrième Niveau du Tarot, celui de la rosée spirituelle et des grâces et sous l’égide de L’Étoile, le 7 d’Épée parle de la ruse divine.
La ruse fait partie des qualités royales et dès lors divine que doit posséder tout bon gouvernement qui devra, comme le dit Machiavel, avoir la noblesse et la force du lion, mais aussi l’intelligence rusée du renard pour conserver son pouvoir et surtout agir au mieux des intérêts de son peuple dans les relations internationales. Les armes du 7 d’Épée sont dès lors politiques : le jeu des alliances et la diplomatie.
C’est pourquoi Métis, la déesse grecque de la ruse (une océanide en réalité) vit éternellement dans le ventre du roi des Dieux : Zeus, l’aidant à distinguer le bien du mal. Elle est l’une des forces primordiales, à l’instar d’Éros, le dieu de l’amour.
Dans le même ordre d’idée, la kabbale a lié la ruse divine à un ange :Nemaiah, dit « le Stratège« le divin joueur d’échec.
La ruse est aussi la qualification du Serpent du Paradis qui est dit « le plus rusé des animaux des champs que Yahvé-Dieu avait fait ». Et longtemps, ce dernier a été assimilé au démon. Pourtant le Serpent, contrairement à ce qu’on croit quand on n’a pas lu sérieusement le texte de la Bible, dit la vérité. Sa parole n’est pas mensongère. C’est un personnage de sagesse, autre qualificatif de la ruse. Il conduit l’humanité vers l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Il est proche d’Eve, l’éternel féminin. Sa ruse est en réalité la ruse divine, la ruse compassionnelle d’un divin qui emmène l’humanité du côté de l’éthique.
Les musulmans ont un mot pour désigner cette ruse, la taqiya qu’ils ne comprennent malheureusement pas souvent. Car il ne s’agit pas, pour Dieu, de cultiver le mensonge face à une communauté non musulmane pour favoriser la communauté musulmane, car comment le Dieu unique, aimant tous se enfants de manière égalitaire, pourrait-il agir ainsi ? La taqiya parle simplement d’un agir tout en douceur du divin qui sait que l’être humain n’est pas toujours prêt à la révélation proprement dite. C’est donc une providence de la prudence et de la compassion qui est en question dans la ruse du divin.
Cette ruse divine a pris ainsi la forme du voile de la Vierge Marie, l’une des seules figures restantes de cette Mère divine préhistorique aimée d’une humanité matricielle, et qui a dû se cacher, se voiler, se déguiser, oubliée, proscrite qu’elle fut dans les monothéismes mâles liés aux sociétés patriarcales instaurées dès l’Antiquité, et qui s’est avancée masquée, déguisée en humble et docile, humaine et modeste servante du divin, la mère de Jésus de Nazareth. Cette Mère divine cependant, Apparition après Apparition, dévoile de plus en plus sa vraie nature de Déesse féminine, Reine du Ciel et de la Terre, Dame de tous les peuples, Dame de la miséricorde. Elle est la Guide, la Protectrice et la Bienfaitrice divine d’une humanité en passe de soulever le voile de Marie et de comprendre l’importance du féminin sacré pour son propre équilibre.
Et ce que la Mère divine telle qu’elle s’est manifestée dans le monde chrétien porte dans ses bras maternels, c’est non seulement l’enfant Jésus, le premier frère d’une humanité réalisée dans sa nature de réplique du divin, mais l’humanité entière, encore enfantine, et qui ne saurait advenir à sa maturité sans le soutien de sa Mère divine, ni sans sacrifier au culte qui est Lui est dû.
Enfin, le 7 d’Épée est aussi représentatif de la ruse mystique des inventeurs du Tarot : sous l’apparence d’un jeu inoffensif, c’est le Livre initiatique même qu’il ont transmis siècle après siècles, à la barbe d’une Église immature, et qu’ils ont secrètement livré à ceux qui, désirant avancer sur le chemin alchimique, apprenaient à le décrypter.
Ce jeu met en effet en scène, pour ceux qui ont pu aligner les quatre Niveaux du tarot, la voie longue qui est celle de l’humanité et qui suit les 22 Atouts, Niveaux après Niveaux, à quoi s’associent les cinq voies courtes des Initiés et Adeptes, et qui correspondent aux cinq Verticales des Atouts.
En ce sens, le 7 d’Épée représente le Tarot tout entier.