Atout XI-La Force 2 mai
La Force
Atout XI
Violence, guerre, tyrannie
Individualité, puissance, maîtrise
La Force est au croisement de la Verticale des I (individuation) et du premier Niveau du Cycle du Ciel. Faite d’un X (une réalité complète, celle de la Terre) et d’un I marquant une nouvelle étape, essentielle, dans l’affirmation du Soi, elle est la petite sœur du Monde, le XXI, constituée de deux X, symbolisant successivement la réalité de la Terre, celle du Ciel, deux réalités réunies en une unité : le I de l’individualité.
La Force et Le Monde contenant chacune un monde unifié autour d’un Moi maîtrisé sont les deux Atouts-maîtres des As, cette Carte numérale unique dans le jeu de Tarot puisqu’elle a deux places, au commencement des Nombres et à la couronne des Honneurs. Les As sont donc les plus petites Cartes et, en tant que telles, sous l’égide du Bateleur, mais en tant qu’expression ultime, perfection et en tant qu’essence des Honneurs c’est dans La Force et dans Le Monde qu’ils trouvent leur énergie.
Dans les Tarots anglo-saxons, La Force est placée en VIIIe position, à la place de la Justice, qui prend sa place en tant qu’Atout XI. Quelle hérésie donc que l’inversion de ces postures des Tarots anglais, tous influencés par le Rider, cette production tarologique de la Golden Daw ! La Justice appartient à la Verticale des III qui fait l’équilibre parfait entre les puissances de Vie (L’Impératrice et La Lune) et les puissances de Mort (La Justice et L’Atout XIII). La Justice (Atout VIII) est la petite mort que représente l’épée de la Justice quand pour que la vie vivante perdure et soit sauvée. L’Atout VIII, la jardinière du Tarot, est en effet celle qui opère une taille qui débarrasse la plante vivante de ce qui est pourri, mort, entravant. La Force au contraire incarne l’un des Atout de la Verticale des I, Verticale du Moi, de l’Individualité. Elle est placée, au sein de cette Verticale, au-dessus du Bateleur dont elle porte la coiffe, et de L’Amoureux et l’on retrouve le nombre 6 dans le nombre des dents du lion et celui des pointes de la couronne qui surmonte la coiffe , ainsi que dans le nombre de ses orteils. Et elle appelle le renversement futur de La Maison Dieu, quand le Moi se dépasse lui-même en tant que petit ego, pour se découvrir dans son universalité et son attachement au Ciel.
Que représente l’iconographie ? Une femme tient, sans effort, la gueule ouverte d’un lion assis à ses pieds. Le Lion est l’animal par excellence du deuxième Niveau du Tarot, tout comme des Bâtons, symbole du feu et de l’énergie sociétale et c’est aussi le plus noble des animaux, le symbole de la force pulsionnelle maîtrisée. Cette femme, en tant que premier individu réalisé dans son unité terrestre, représente la parfaite maîtrise de son corps, de son énergie, de ses impulsions. Sa noblesse se lit dans toute sa posture, mais particulièrement aussi dans sa couronne. Elle ne craint rien du lion qui est devenu son ami, qui est à son service, et dès lors dont elle use au besoin, montrant les dents si nécessaire car elle a pour destin la défense de sa communauté. Elle fait exactement suite à l’Atout X, La Roue de Fortune, quand les animaux au contraire occupent tout l’espace sociétal dans une roue perpétuelle qui ne peut être dépassée que lorsque naît à lui-même l’individu comme Unifié, toutes ses forces intérieures, pulsionnelles et sociétales harmonisée autour d’une conscience claire, d’une volonté affirmée.
Le fait que la Carte complémentaire de La Force soit La Roue de Fortune indique que l’Atout XI doit désormais se dévouer à la communauté. Car il ne suffit pas d’être soi-même un Individu véritable, ayant maîtrisé ses pulsions, il faut encore se mettre au service d’une communauté d’hommes endormis, restés au stade mécanique du conformisme, afin de la guider vers la conscience.
La Force, en tant qu’Individu royal, représente l’humanité adamique admise dans sa royauté, celle qui se sait faite à la réplique du Divin. C’est pourquoi l’Atout XI est la petite réplique de l’Atout XXI, et le maître-Atout principal des As. Sur l’Atout XI et sur l’Atout XXI, nous voyons une femme et non un homme, car c’est le féminin sacré qui est destiné à être l’Individualité adamique royale, quand la Coupe que sera l’humanité aura recueilli, en soi, la rosée spirituelle. Et c’est pourquoi la Verticale des III, la verticale centrale, est dédiée à la féminité maternelle. Le féminin sacré est le cœur du réel divinisé comme la Vierge Marie est la reine du monde, la Mère divine de tous les peuples.
La Force est traditionnellement identifiée en tant qu’Atout du Courage, et on pourrait s’étonner que cette Vertu mâle par excellence (le mot latin « virtu » est composé du mot « vir » qui signifie « le mâle ») soit représentée par une femme. Le fait que ce soit une femme qui tienne ainsi la gueule du lion ouverte signifie qu’il n’y a aucun effort visible, aucun étalage de sa puissance. Le puissant charisme de cette personne est acquis. Et la Force est féminine car elle ne tire sa puissance que de sa réceptivité au regard des émanations du Ciel.
Cet Atout du Tarot de Marseille est entièrement tourné vers la droite, car il incarne l’être actif, créatif, et procréatif. Il procède d’une énergie mâle, émissive, mais totalement maîtrisée et de ce fait féminisé. C’est l’Atout de l’individualité réalisée comme personnalité dans la famille et la vie sociétale et qui désormais affronte, avec courage, les épreuves de la vie, procédant à leur conversion en épreuves spirituelles.
Premier Atout du Ciel, la Force contient en elle la totalité des Atouts de la Terre. Et c’est ce que signifie, entre autres, la forme en lemniscate de son chapeau couronné. Deux mondes se rejoignent en elles, l’un étant complet, l’autre en devenir. En cela, l’Atout XI fait pendant à l’Atout I qui démarre le cycle de la Terre. Dans le Tarot Rider, la lemniscate a remplacé le chapeau couronné du Tarot de Marseille. Par derrière, on voit les montagnes : La Force, dans la plénitude de son individualité, et malgré son évident charisme, est seule au sommet des réalisations matérielles, familiales et sociales, tout comme devant les épreuves de la vie.
Inaugurant le Ciel du Tarot, La Force est aussi la première Carte du IIIe Niveau qui est en liaison harmonique avec les Epées et qui ouvre sur les grandes épreuves de la vie. Ces épreuves bien évidemment sont celles de tout un chacun, mais elles peuvent être l’occasion d’une transmutation du Moi et ouvrir au Ciel. Toutes les personnes en chemin spirituel traversent une vie d’épreuves qui sont autant de martelage du métal dont est fait leur âme. On n’aborde donc pas ce chemin sans courage, et celui-ci représente la première vertu à acquérir, non seulement pour vivre en société ce qu’apportait la Justice, et non seulement pour acquérir la sagesse née d’une longue expérience que promettait L’Hermite, mais pour ouvrir en soi le cœur aux émanations célestes promises au dernier Niveau du Tarot.
Le courage est l’une des grandes Vertus de l’homme, évoqué par le Tarot et repris aux analyses philosophiques antiques. Il apparaît, dans le Tarot, en troisième place, après la Justice et la Sagesse (ou la Prudence et la Patience) respectivement incarnés par l’Atout VIII (La Justice) et l’Atout VIIII (L’Hermite) et qui appartenaient tous les deux au deuxième Niveau du Tarot, celui de la vie sociétale. Cette vertu du courage est pourtant considérée par l’Antiquité comme la vertu guerrière la plus ancienne, la plus primitive. Si le Tarot place le Courage en troisième position et en ouverture du cycle du Ciel, c’est parce que cette vertu naît d’une grande épreuve, celle de la position agressive qu’on subit ou qu’on manifeste, posture faite de colère et d’une violence qu’il faut transmuter en fermeté et courage. La dernière vertu du Tarot, Tempérance, arrivera ensuite, mais, elle aussi, et malgré les apparences, naît d’une épreuve, celle que représente l’idéalisme et l’idéalité qu’il faudra tempérer, en gardant les pieds sur terre, pour en faire une vertu de tempérance, vertu la plus élevée.
De même qu’Éros et son feu accompagnaient chacune des Cartes du deuxième Niveau du Tarot, de même le Courage de la Force accompagne chacun des Atouts du troisième Niveau, celui où l’énergie de l’Épée va trancher tout ce qui n’est pas digne, en soi, de servir à son élévation spirituelle. Et il faudra du courage pour supporter l’impuissance du Pendu, le deuil de l’Atout XIII, le renoncement au pur idéal de Tempérance et l’acceptation de la séparation d’avec le Ciel du Diable.
Tirer cet Atout XI indique toujours une grande force de caractère, une puissance d’action sans besoin de forcer son image, de mobiliser grandement son énergie.
Du point de vue du premier Niveau du Tarot, niveau de la famille et des incarnations corporelles et matérielles, La Force parle de la fille aînée, femme puissante déjà, et autoritaire.
Du point de vue du second Niveau de Tarot, niveau sociétal, l’Atout XI renvoie aux métiers liés au dressage et soins des animaux, aux métiers de courages (force de l’ordre, police, armée) et bien sûr toujours renvoie plutôt aux femmes qu’aux hommes dans ces métiers.
Du point de vue du troisième Niveau, La Force indique qu’une période d’épreuves est possible, avec la nécessité de mettre les points sur les i, et pour le coup de montrer quelque peu ses armes à ses ennemis. Un courage est sollicité car durant un bon moment, on sera solitaire face aux obstacles, ennemis, difficultés. Mais on possède tous les moyens de triompher, et d’abord de l’emportement, de la colère et de la violence que peuvent provoquer, en soi, ces oppositions. Bien évidemment, à ce Niveau des épreuves, cet Atout peut indiquer un échec à se contrôler, la force des pulsions de violence, la colère et l’emportement.
Du point de vue du quatrième Niveau, La Force parle du courage, de la maîtrise de soi, de l’individualité charismatique.
C’est par excellence, la Carte du héros.
Et plus encore de l’Adam royale, l’humanité adamique réplique du divin, et destinée à la royauté de la glèbe.
De ce fait, le XI est par excellence la représentation déployé du chrisme, ce symbole christique, où le I (P ou rhô grec) se place au centre du X (khi). Le X et le I étant représentant les deux premières lettres du nom écrit en grec du Christ (Χριστός).
Mais nous voyons dans ce chrisme, tout comme dans le nombre XI bien autre chose encore : la réunion du ciel et de la terre, par deux urnes qui se rejoignent au centre, l’une tournée vers le Ciel, l’autre vers la Terre, traversée par la verticalité de l’individualité que symbolise le I.
Merci à Vision de vie pour son magnifique Lion.