Atout XVIII-La Lune 18 novembre
La lune
Atout XVIII
Coeur du Ciel
Divine sauvagerie, Nature sauvage
Cycle, passage, métamorphose, ressourcement
La Femme sauvage, la femme qui court avec les loups
Confusion, illusion, folie, schizophrénie
Rêves, Intuitions, Clairvoyance, Avertissements divins
Mère Divine, Mère Nature, Mère Nuit, Terre-Mère
Mère redoutable et mère de tendresse
Don de vie, de mort et de renaissance
Aucun Atout, en dehors du Monde, n’est aussi important que La Lune. C’est l’Atout central du quatrième Niveau du Tarot, celui qui permet à l’être humain d’avoir accès à tous les autres Atouts des émanations célestes, celui qui fait le lien entre tous les autres. C’est aussi l’Atout sommet du tronc béni de l’Arbre de vie tarologique et de la troisième Verticale, celle de la féminitude, de la vie et de la mort, de la créativité et de la régénérescence. Les mots les plus importants parmi les mots-clés de cet Atout, ce sont : nuit, nature sauvage, mère divine, cycle et passage.
Beaucoup de taromanciens craignent cet Atout, voyant en lui une symbolique de la confusion, de l’imagination coupée du réel, de la folie aussi. En réalité, il s’agit là d’une des expressions les plus importantes des Bénédictions du Ciel qui sont symbolisées par les gouttes lunaires qui tombent sur la Terre. Cette interprétation négative de La Lune doit beaucoup au mental patriarcal qui dure depuis si longtemps sur Terre et qui a conduit à minorer des Puissances féminines parce qu’elles font peur, ses valeurs étant opposées à celles du Soleil, du jour, de la clarté du mental intellectuel et de la réalisation concrète. Mais sans cette puissance féminine, sans le lien sincère et aimant à notre Mère divine, la clarté du Soleil conduit à elle seule à un monde coupé de ses racines, un monde où la nature, les femmes et puis les enfants des femmes, y compris les fils, les futurs hommes sont instrumentalisés au profit d’un pouvoir mâle apparemment rationnel, en réalité totalement fou.
C’était oublier que le féminin sacré est puissant, et le Tarot est la Tradition qui lui rend le plus hommage, unique en cela, ce qui serait à elle seule une raison suffisante pour ne pas chercher à le ramener à tout autre Tradition. Et c’était oublier que cette puissance n’exclut pas le rationnel et encore une fois le Tarot le manifeste. Car, au sein de la Verticale des III, de la Féminité, de la fécondité, des puissance sacrées de la Vie et de la Mort, se trouve La Justice, l’incarnation tarologique de la Raison. L’imaginaire de La Lune ne déploie en effet ses immenses bénédictions qu’en faisant place à la raison, à la justice, à la mesure, à l’équilibre qu’incarne l’Atout VIII.
La Lune, c’est notre Mère à tous, en tant que Mère-Nature, en tant que Mère-Nuit. L’Astre Lunaire est en effet le symbole par excellence d’un ensemble de Puissance qui relève du Féminin sacré dans sa dimension double de donneuse de Vie et de donneuse de Mort. A elle s’adjoint le symbole de la Mer, de la nature et de ses renouveaux cycliques, de l’instinct que met en scène l’Atout XVIII par les trois animaux de l’image, et enfin la Nuit qui, quotidiennement, nous donne un temps de repos, de petite mort, de ressourcement, de rééquilibrage, de réajustement. Dormir régénère.
Que se passe-t-il durant la nuit, pourquoi le corps repart-il chaque matin avec de telles nouvelles forces, que chaque jour est un nouveau jour ? Les hypothèses les plus intéressantes du monde scientifique actuel affirment que le sommeil et les rêves sont des moyens de réparer le code génétique que la journée aurait abimé, et de revenir à sa programmation individuelle que la société avec son conformisme tend à effacer. Le sommeil est aussi le moyen d’un lien avec le divin, cela les hommes le savent depuis toujours, eux qui ont toujours et partout fait du rêve les messagers des dieux. La capacité de rectifier les erreurs passées, de mieux agir en prévoyant le futur, et donc l’aptitude à la prémonition par les rêves est un des dons précieux de Mère Lune. Et ces dons sont ceux de la Nuit, ceux de la petite mort qu’est la Nuit.
La vie a été sacralisée par l’univers mental patriarcal qui avait en adoration la filiation des fils, et cette sacralisation a été coupée de la sacralité liée à la mort. Le rejet du Féminin sacré a conduit notre monde et surtout notre monde moderne à minorer, à cacher, à refouler le fait évident pourtant que tout don de vie est don de mort. Oublier que la mort est une bénédiction quand le corps est totalement usé, quand l’expérience de la vie humaine est aboutie ou quand au contraire l’individualité humaine s’est tellement éloignée de sa mission sur terre qu’elle est devenue un danger pour l’humanité elle-même… nous conduit à ne pas comprendre cette merveilleuse et puissante Carte qu’est La Lune.
La Lune, en tant qu’Atout sommet de la 3e Verticale contient en elle la femme (L’Impératrice); tandis que l’humanité féminine toute entière n’est autre que le plus beau visage de la Mère divine elle-même. Les femmes épanouies dans leur féminité sont des Incarnations de La Lune et de ses avatars culturels (Ishtar, Isis, Hécate ou Artemis, Diane, etc.). Toutes possèdent potentiellement le don de donner la vie (et par là la mort, car vivre c’est un jour aller à la mort). Mais ce qui est plus troublant encore, c’est le fait que sans la femme, La Lune et sa grande puissance ne peuvent aller à leur plénitude. Tel est l’un des secrets que le Tarot dévoile à qui sait entrer dans sa structure : si La Lune est l’Atout complémentaire de L’Impératrice, cette dernière est, elle aussi, l’Atout complémentaire de La Lune, ce qui signifie que le pouvoir de vie de la Lune n’est pleinement actif en tant que pouvoir secret de l’intuition féminine et de la clairvoyance que grâce aux femmes et à l’éternel féminin.
En tant qu’Atout sommet de la 3e Verticale, La Lune contient en elle aussi La Justice qui n’est autre, elle-même, qu’un moyen terme entre la vie et la mort. La Justice en effet est la Jardinière du Tarot, elle mesure les âmes, elle coupe ce qui est pourri, elle punit pour purifier. Elle donne la mort et le deuil pour donner la vie.
Et bien sûr en tant qu’Atout sommet de la 3e Verticale, La Lune contient l’Atout XIII, tout comme l’Atout XIII est porteur de vie (dans son épi de blé en colonne verticale).
Remarquons aussi la symbolique des Nombres. Dans le Tarot, le III est contenu dans le VIII, tout comme dans le XIII et le XVIII. Mais le nombre arabe 3 et aussi la moitié du 8. Le 8 représente deux 3 qui se font face et se joignent.
Vie et mort s’expriment dans le 8 comme deux cercles qui passent l’un à l’autre. Le 8 est aussi mouvement perpétuel, cycle et recyclement. Le cycle rythme la vie des femmes qui sont réglées par ce lien particulier qu’elles ont à la lune. Dans l’Atout XVIII, ces notions de passage et de cycle perpétuel sont mises en scène : deux maisons sont éloignées de la distance de la Carte en fond de paysage. Il s’agit bien d’aller de l’une à l’autre et c’est La Lune qui fait le lien. Ces deux maisons sont celles de la vie et de la mort, de la mort et de la vie, du sommeil et de la veille, de l’illusion et de la vérité, des instincts à la rationalité, etc.
Ce cycle est inscrit dans La Lune elle-même qui est aussi bien pleine lune que lune en croissant. Or la pleine Lune n’a pas du tout le même sens que la lune en croissant du point de vue symbolique. Là encore, c’est Georges Romey et ses précieuses analyses des rêves éveillés libres qui nous permettent de comprendre ce que cette Carte contient comme message : la pleine lune exprime le pouvoir menaçant du féminin sacré quand la lune en croissant manifeste l’amour et la tendresse infinie pour l’enfant. La pleine lune est une lune froide, distante, punitive, redoutable. La lune en croissant est au contraire « une figure d’accueil, une image qui appelle à se blottir ». Et l’une et l’autre sont complémentaires en la femme qui, dans sa tendresse fusionnelle et sans le détachement et l’éloignement promis par La Justice, serait une mère abusive. Pour trouver sa féminité complète et intuitive, toute femme doit donc affronter en elle la mère dure et punitive, la mère qui donne la mort tout autant que la vie, mère toujours juste cependant.
Nous l’avons dit, la Lune qui contient en elle toute la 3e Verticale du Tarot est double, elle est vie et elle est mort, elle est tendresse et elle est justice froide et punitive. Mais il ne faut pas avoir peur de cet Atout quand on le tire. C’est toujours une bénédiction qui vous est offerte. L’un des aspects de cette bénédiction consiste dans la réconciliation possible avec la Mère de notre histoire individuelle : ainsi, l’Atout XVIII présente-t-il le visage de la lune non dans la lune entière, froide, distante, glaçante et punissante, mais dans la tendre lune en croissant qui domine et inclut en lui l’autre lune. L’amour maternel dans sa tendresse contient la droiture froide de la Justice, nous l’avons dit. Cet Atout nous invite ainsi à nous ressourcer auprès de notre maman terrestre, et dans l’impossibilité, de trouver refuge auprès de la Mère divine. La Lune est celle qui guérit l’image dégradée de la mère-araignée que nous rencontrons avec La Papesse et la Verticale des II ou de la mère crabe ou écrevisse qui a refusé le contact de tendresse de peau à peau avec l’enfant et la caresse. Aussi bien est-ce cette même Verticale qui offre la plus belle image de la mère refuge, de la mère de l’absolue tendresse, de la mère miséricordieuse qui guérit et non punit : L’Étoile qui est l’Atout par excellence de la Vierge Marie.
On reproche beaucoup à l’Atout XVIII d’être l’expression de l’illusion, des imaginations vaines, etc. Mais c’est l’inverse : La Lune guérit de l’illusion en envoyant des rêves rectificateurs. Elle demande à ce qu’on écoute le message de ses rêves qui sont des avertissements venus du divin lui-même. Elle accorde le don de double vue, de clairvoyance, de médiumnité (qui fait comme elle le lien entre la vie et la mort). Si La Lune représente l’épreuve de la folie et de l’illusion, c’est toujours et seulement dans la relation au 3e Niveau du Tarot, niveau des épreuves et des grandes vertus.
On reproche aussi à La Lune d’être l’Atout de l’animalité, de l’instinctif, du pulsionnel. De fait, aucun être humain n’est présent sur la Carte, ce qui la rapproche de La Roue de Fortune. Mais, contrairement à cette dernière qui avant d’être une porte sur le Ciel ne fait que répéter indéfiniment les mêmes erreurs conformistes et sociétales, La Lune est salvatrice dans son lien à l’animalité. Elle rappelle à l’être humain qu’avant d’être un animal social il est un être vivant, obéissant aux règles de la nature, enracinées dans des pulsions et instincts nécessaires à la fois à sa survie et à son épanouissement individuel. C’est en s’enracinant dans la nuit, dans le ressourcement du sommeil, dans les messages des rêves que l’être humain pourra être enfin un être spirituel. Pour cela, il ne faut pas qu’il refoule son ombre ou l’animalité qui sont en lui mais les sanctifie par une reliance au Ciel. Ne pas perdre la femme sauvage en soi est une dimension essentielle de la réalisation de son humanité féminine.
Chien lunaire et Loups ont leur rôle à jouer dans cette Carte de La Lune : le chien est le gardien de la routine, des cycles, des répétitions rassurantes quand le loup est gardien du seuil, guide du passage d’un monde à l’autre, dévorateur et initiateur, berger qui emmène d’une vie morte à une vie vivante : « le loup se tient à l’orée d’un lieu où le Moi du patient doit accepter de mourir à ce qu’il est devenu pour naître à ce qu’il aurait dû devenir » (G. Romey, Dictionnaire de la symbolique, I). Aucune autre parole ne peut mieux faire comprendre ce lien profond que l’imaginaire fait entre le loup, la lune, la vie, la mort et la renaissance.
Enfin, beaucoup de tarologues évoquent le fait que la lune est un astre à la lumière dérivée, secondaire donc au regard du Soleil. De fait, dans ce quatrième Niveau du Tarot, l’Atout XVIII précède l’Atout XVIIII. La Lune en réalité rend le feu du ciel accessible à l’être humain. Ce feu du Ciel doit être médiatisé avant d’être supporté. Ainsi, La Lune, astre du passage, fait le lien entre L’Étoile qui symbolise l’humanité apte à recueillir les émanations du Ciel. Et après avoir recueilli la musique des sphères, et la lumière astrale, l’âme humaine qu’incarne L’Étoile recueille la rosée argentée de la Lune. Ce n’est que dans un second temps qu’elle recueillera la rosée dorée du Soleil. Ce fait exprime une réalité évidente : c’est souvent la nuit que se fait la digestion de la vérité, que celle-ci s’élabore de manière à être supportée par le rêveur et par les prises de conscience qu’il va faire après avoir compris le sens de son rêve. Les grandes inventions de l’humanité, les grandes intuitions de la vie humaine doivent tout à la tendre sollicitude de la Reine du Ciel, de l’astre lunaire qui est la Médiatrice entre l’humanité et le divin.
En lien avec le premier Niveau du Tarot, La Lune parle de la mère biologique, de la famille, de la communauté familiale. Elle renvoie aussi au corps de la femme, à ses rythmes, aux règles, mais aussi à l’instinctif du corps humain, à son enracinement dans la nature et la vie. Elle rappelle la fécondité féminine et peut être indicatrice de conception.
En lien avec le second Niveau du Tarot, La Lune évoque les métiers de la nuit, métiers liés aux eaux dormantes, aux eaux fermées, à la mer. Elle renvoie à l’élevage des crustacés, des loups, des chiens. Elle parle de déménageurs.
En lien avec le troisième Niveau du Tarot, La Lune peut être indicateur d’illusions, de brouillards, de perte de repères, de folie même, et de débordement pulsionnel. Elle invite à rétablir l’équilibre entre l’imaginaire et la compréhension rationnelle. Elle oriente vers l’apprentissage de l’interprétation symbolique.
Et de même, si La Lune peut renvoyer à la souffrance infinie de celui ou de celle qui n’a pas eu une bonne mère, elle invite à se lier à la Mère divine et à ses plus belles représentations religieuses et culturelles.
Enfin, si La Lune renvoie à la sorcière, à la femme sauvage, ce n’est jamais pour nous conduire à les rejeter, mais au contraire pour savoir tirer d’elles les enseignements essentiels dont elles sont porteuses.
En lien avec le quatrième Niveau du Tarot, La Lune parle de Gaïa, notre Mère terre. Elle parle d’Hecate, de Kali, de la sauvage Artémis, sœur du Soleil Apollon.
La Lune est Shakti et Devi. Elle est la Mère universelle de tous les êtres. Elle est la Dame de tous les Peuples.
(merci à Passerelle éco, le chant des arbres pour ces très belle représentation de Mère divine et de Gaïa )
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