Atout XVI-La Maison Dieu 11 novembre
La Maison Dieu
Atout XVI
La Porte du Ciel, la Tour
L’inversion des points de vue
La Révélation, l’Illumination
La Transfiguration
L’Épreuve majeure
La Maison Dieu est l’Atout qui pose le plus de problèmes d’interprétation. Certains y voient un feu d’artifice, une fête nationale, le 14 Juillet, une manne céleste, un coup de chance incroyable, un trésor qui bombe du Ciel… et d’autres la Tour de Babel, la catastrophe radicale, un cataclysme naturel, et d’une manière générale le coup de sort qui tombe sur la tête du consultant comme la foudre du Ciel pour détruire sa vie et ses espoirs. Et rien, dans la seule iconographie de la Carte, ne nous permet de trancher entre ces deux interprétations tellement opposées. Pour pouvoir interpréter de manière juste cet Atout, il est donc nécessaire, encore une fois, de le situer dans le Système en 4×5 et comprendre la signification du nombre XVI.
Tout d’abord, il s’agit de l’Atout le plus élevé de la Verticale des I. Il nous parle donc, au sein du cheminement de l’individualité humaine en construction, de la dernière étape, avant que la Réalisation parfaite engagée par la voie initiatique s’exprime dans le dernier Atout du Tarot qui est aussi un Atout où le I est en jeu : Le Monde, Atout XXI. Ce n’est pas un hasard si La Maison Dieu se trouve au-dessus de La Force dans cette Verticale des I : alors que l’individualité représentée par l’Atout XI est fermement installée dans son être (contrairement à L’Amoureux divisé, partagé, tiraillé entre les influences contradictoires qui sont en lui), cette individualité arrivée au Niveau des Calices qui recueillent les émanations du Ciel et la rosée spirituelle doit désormais s’ouvrir au divin. C’est ce que représente l’iconographie de la Tour qui, dans le Tarot de Marseille classique (Conver) est solide, ferme, parfaitement linéaire dans sa verticalité, mais voit sa couronne crénelée ouverte sur le Ciel : la Tour est ouverte et peut recevoir toute la rosée spirituelle qui tombe en pluie du Ciel.
La Maison Dieu est aussi l’Atout qui commence le dernier Niveau, le 4e Niveau du Tarot qui est en relation harmonique avec les Coupes. Tous les Atouts de ce Niveau sont en effet des Calices permettant de recueillir les émanations du Ciel, des émanations très visibles sur les iconographies des Atouts à partir de l’Atout XVI. Ce sont les Grâces et l’aptitude humaine à les absorber que représentent tous les Atouts du dernier Niveau du Tarot. Dans ces conditions, ils ne peuvent jamais être interprétés comme des Cartes négatives. Mais bien sûr, comme toute Carte, les Atouts-Calices obéissent aux quatre Niveaux d’interprétation et ont donc, parmi les significations familiales et corporelles, sociétales, et enfin spirituelles des significations d’épreuves et de la construction de vertus correspondant au 3e Niveau du Tarot en relation harmonique avec les Epées.
Cet Atout de l’Individualité humaine en construction manifeste par son Nombre, le XVI, qu’avec lui tout de la Terre est en place, mais qu’en ce qui concerne le Ciel, un seul Calice est ouvert. Ce dernier est représenté par le premier V, c’est celui de l’aspect mâle du Ciel (ou terre du Ciel qu’incarne aussi, dans les Nombres, l’élément Air et qui est issue de la digestion des grandes épreuves de la vie humaine en une vertu essentielle). Le deuxième Calice, celui qui permettra de recueillir les émanations du Ciel, est à construire, et cette construction qui se termine avec l’Atout XX commence avec La Maison Dieu.
C’est en ayant en tête le croisement de la Verticale des I avec ce 4e Niveau du Tarot, et en n’oubliant pas la posture de première Carte de ce dernier Niveau du tarot que nous pouvons aborder en toute sécurité l’iconographie pour l’interpréter. Que voyons-nous ? Quels éléments doivent être immédiatement et objectivement saisis dans cette iconographie ? Quatre éléments essentiels (n’oublions pas que le XVI est un 4×4, le nombre quatre est redoublé quatre fois) ressentent de la Carte : une Tour d’abord, deux personnages dans une posture inversée (les pieds dirigés vers le ciel, les mains sur le sol), des boules multicolores qui tombent du Ciel, une plume ou série de plumes qui relie (nt) le haut ouvert de la Tour au Ciel.
Que signifie la Tour ? C’est une construction en pierres, souvent carrée, très élevée. C’est une image qui est l’exacte représentation du XVI en tant que 4 fois 4. Or, le 4, représenté dans le Tarot par L’Empereur, est comme les édifices en pierres symbole de frontière, solidité et base. Il est le fondement du carré, lui-même fondement de la Tour. Le seize, carré de quatre, indique dès lors « l’accomplissement de la puissance matérielle » rappelle le Dictionnaire des Symboles Chevalier et Gheerbrant. La solidité, la fermeté, mais aussi la fermeture et la pesanteur sont les expressions de ce nombre seize en tant que 4 fois 4.
La Tour est encore un symbole d’élévation : elle est une construction humaine qui relie la terre au ciel en ligne droite, semblable à cet avant-dernier « I » qu’on voit dans le Nombre XVI. En ce sens, il est bon de rappeler ce que signifie le nom « Babel » de la Tour de Babel biblique : « la porte du Ciel ». Faut-il s’étonner dès lors de ce nom « Maison Dieu » ? La Tour de Babel dans son sens initial, c’est-à-dire avant l’interprétation hébraïque était un Temple habité par le divin. Cette ziggourat mésopotamienne était construite en étages de plus en plus étroits incarnant les Cieux et les planètes : Saturne, en noir à la base, Jupiter avait son séjour dans l’étage dédié au blanc, le rouge était habité par Mercure, le bleu par Vénus, le jaune par Mars, l’argent par la Lune et l’or au sommet était dédié au Soleil. Cette Tour avait pour objectif de permettre aussi bien la descente des dieux sur la terre que la montée des hommes jusqu’au divin.
Bien évidemment quand on sait l’importance des couleurs dans les ziggourats mésopotamiennes et leur symbolique stellaire, on comprend mieux le sens de ces boules tombant du ciel. N’oublions pas que le cercle et la sphère s’opposent directement au carré et au cube, le cercle et le carré étant avec la croix et le centre l’un des quatre symboles universels fondamentaux. Alors que le carré indique la séparation et la frontière, le cercle parle d’absence de distinction et de division. Selon le Dictionnaire des symboles, « le cercle symbolise l’activité du ciel, son insertion dynamique dans le cosmos ». Il rejoint les symboles de la divinité penchée sur la création et lui donnant vie. Très clairement, nous avons là une descente des émanations stellaires et célestes sur la Terre que symbolisent ces « confettis » dessinés sur la Carte. Il ne s’agit pas du tout d’une explosion de la pierre et de la Tour, mais d’une imprégnation divine qui se répand sur toute la terre, grâce à ce lien entre le Ciel et la Terre que représente la Tour, ce Temple dédié à la communication entre les hommes et le divin.
Chaque couleur de ces gouttes d’eau traversées de lumières représente un aspect du divin : lorsque la lumière blanche passe à travers le prisme de la rosée terrestre, elle devient couleur. Cela symbolise la diversité culturelle et il est aisé de donner une couleur à chacune des grandes ethnies ou communauté culturelles. Ainsi le bleu de la Vierge, le bleu de France, est la couleur préférée des Européens. On le retrouve dans le drapeau américain. C’est la couleur de l’Occident. Le vert bien aimé du Prophète est symbole de l’Islam. L’orange safran est la couleur de l’Inde et des deux religions nées sur son sol et alentours : l’hindouisme et le bouddhisme. Le Jaune solaire est celle de l’Afrique, tout comme le rouge incarne la spiritualité athée de la Chine tout comme des pays anciennement soviétique tant qu’ils s’interdisaient les croyances religieuses (premier pays athée au monde) etc. Chaque couleur peut croire, un temps, qu’elle est à elle seule la totalité de la lumière. AInsi, l’Occident dit : « la lumière est bleue », les musulmans : la lumière est verte, etc. Mais La Maison Dieu le révèle : ces Temples, trop intolérants et fermés, finiront par être ouverts. Les religions vont se dépasser elles-mêmes, dans une tolérance qui accepte et reconnaît la valeur de toute forme de spiritualité, à égalité avec la sienne. En se donnant la main, les êtres humains quelle que soit leur représentation religieuse reformeront la totalité de la Lumière qui n’est n’i rouge, ni bleue, ni verte. Pour la retrouver, il faut ouvrir, aérer les spiritualités et les faire communiquer, comme le montre ce Temple ouvert sur le Ciel et rayonnant toutes les couleurs.
Cette interprétation est corroborée par le symbole de la plume qui est lui aussi opposé à la pesanteur que contiennent le nombre 4 et l’image de la pierre. La plume résume l’oiseau qui lui-même résume le lien entre la terre et le ciel, la possibilité d’une élévation sans pesanteur, d’une merveilleuse légèreté. Or cette plume ouvre le haut de la Tour, sa couronne en quelque sorte, permettant aux émanations célestes d’y entrer. Nous avons-là exprimée la transmutation alchimique : quand la pierre devient philosophale, emplie de lumière, investie de divinité. Cette Maison Dieu est dès lors le Temple universel ou la Cathédrale suprême (pierre remplie de lumière, pierre aérienne, pierre libérée de la pesanteur) qui s’opposent aux religions révélées dans leur rigorisme lourd et antispirituel. Le prêtre, rabbin ou imam disparaît et fait place au berger véritable comme le montre clairement le très inspiré Tarot Vieilleville, celui à qui Dieu délègue véritablement une partie de son autorité, parce qu’il est un véritable guide spirituel. N’est-il pas intéressant que dans la cure en rêves éveillés libres, tels que nous les présente G. Romey, le personnage du Berger intervient quand la personnalité est prête à abandonner « l’attitude de compétition exacerbée » qu’incarne précisément l’image de la Tour ? La Maison Dieu indique la fin des guerres de religion. Alors, le véritable lien entre l’homme et le divin cesse d’être une tour, même une tour ouverte sur le haut et allégée, remplie de lumière. Il s’incarne dans l’arbre sacré, le poteau divin, le symbole vivant et le plus ancien du lien entre la terre et le ciel. Un arbre qui va se retrouver dans l’Atout suivant, L’Étoile, mais que symbolise aussi les personnages de La Maison Dieu.
Reste à comprendre, en effet, la posture inversée des personnages de la Carte : deux individus, tournés l’un vers la droite, l’autre vers la gauche, l’un visible tout entier, l’autre par le haut du corps seulement, ont les mains sur la terre et les pieds dans le ciel. Nous n’ignorons pas la signification, dans le Tarot, de cette posture inversée puisque nous l’avons rencontrée avec Le Pendu. Mais, ce dernier était pieds et poings liés. Il était confronté à la verticalité par l’impuissance de l’horizontalité. Ces deux personnes ont au contraire toute leur puissance, puisque leurs mains sont visibles, agissantes et agissante dans ce monde matériel (leur couleur est de chair). Mais ces mains qui agissent sur la matière (elles sont posées sur la terre) le font dans la plus parfaite des inspirations puisque les racines de leur être (les pieds) sont du Ciel et non de la Terre. Les pieds sont donc jaunes, c’est-à-dire solaires et non plus rouges (comme ceux du Mat, de L’Empereur, de l’Amoureux, et du Pendu lui-même), jaunes comme ceux du Bateleur, parce que la potentialité solaire que contient ce dernier est enfin réalisée.
C’est ce qui explique aussi la raison pour laquelle beaucoup d’arbres de vie se sont incarnés, comme symbole majeur de la spiritualité humaine et dans de nombreuses cultures, dans un arbre inversé : les racines sont celles du Ciel, les fruits sont ceux qui, nourri d’une sève spirituelle, sont néanmoins pleinement terrestres. L’arbre inversée fait circuler les énergies du haut et du bas pour réaliser l’Eden sur Terre, ce Jardin à la fois du Ciel et de la Terre.
Les deux personnages, en outre, se partagent l’orientation droite-gauche parce que peu importe qu’ils soient femme ou homme, introspectifs ou actifs, c’est toujours la même spiritualité qui agit en eux et par eux. A eux deux, comme l’ensemble des symboles de cette Carte, ils incarnent la réconciliation des contraires : terre et ciel, droite et gauche, féminin et masculin, carré et cercle, pierre et plume, pesanteur et légèreté, matérialité et spiritualité, etc.
En tant que liée au premier Niveau du Tarot (corps, famille), La Maison Dieu parle de révélations familiales, de prises de conscience salutaires, de libération à l’égard des coutumes et mœurs oppressantes.
Il peut s’agir d’une guérison subite d’un mal ancien, d’un allégement, d’un amincissement brutal par un repositionnement dans la relation à la nourriture.
Elle parle aussi de l’habitat avec soit une impression de surdimensionnement, de pesanteur, de lourdeur, ou au contraire d’un lieu investi par la lumière.
En tant que liée au second Niveau du Tarot (investissement sociétal), La Maison Dieu parle de bâtisseurs, de maçons, de constructeurs, de superstructures, de poseurs de fenêtre et de toits, de métiers liés aux plumes (matelassiers costumiers), mais aussi des métiers qui conduisent à des prises de conscience (thérapie familiale, psychanalyse), à des révélations (enquêteurs). Terrassiers, métiers de l’explosif.
Cette Carte renvoie aussi aux métiers de l’acrobatie, aux artificiers, etc.
Par son nom de Maison Dieu (proche du terme Hôtel Dieu, la maison initialement destinée à l’accueil des pèlerins puis au soins des pauvres, des malades, des handicapés, lepreux, etc. et qui se trouvait toujours accolée à la Cathédrale médiévale), cette carte renvoie à l’hospitalisation et à l’enfermement, ainsi qu’aux métiers de soins médicaux en maison hospitalière, mais aussi la maison de retraite, et tout bâtiment collectif où l’on séjourne sans pouvoir aller et venir à sa guise.
En tant que liée au troisième Niveau du Tarot (épreuves et grandes vertus), La Maison Dieu évoque les épreuves qui finissent toujours par une réforme intérieure très bénéfique. Ainsi, on peut retrouver là cette notion de châtiment divin qui est liée à la Tour de Babel biblique, mais en n’inversant complètement la signification de ce châtiment divin : ce n’est pas parce que les hommes cherchent à s’élever jusqu’au divin qu’ils sont punis, mais parce qu’ils tendent, dans leur quête spirituelle ou leur relation à la religion à être figés, oublieux de leur incarnation terrestre, divisés, compétitifs, croyant que le divin leur appartient (parlant de « leur dieu » comme d’une possession).
Et s’ils subissent une épreuve majeure, de type cataclysmique, c’est pour qu’ils aillent non vers la division (la perte de la langue commune que raconte la Bible hébraïque), mais au contraire vers l’unité, la simplicité, la conscience que si Dieu existe il ne peut pas faire autrement de par sa nature divine même qu’aimer tous les êtres humains dans la plus parfaite égalité. Le but est donc plus de conscience, plus d’unité, plus d’amour, plus de lumière.
Retenons surtout cette idée essentielle : La Maison Dieu est un Atout éminemment positif. Certes, il prend souvent la forme d’une épreuve majeure, mais soyez assuré que celle-ci sera réussie et finira par alléger la vie de l’individu, le débarrasser des pesanteurs inutiles, des structures étouffantes de sa vie, et le mènera à la simplicité d’une vie de berger, guidé par les étoiles, ayant lui-même appris à guider avec amour son troupeau.
Alors, oui, la notion de Châtiment divin est bien incluse dans cet Atout, mais ce châtiment est une bénédiction, une manifestation de l’Amour divin pour sa Créature. Il a pour but non d’humilier, non de rabaisser, non de briser, mais de purifier, d’élever, de ramener l’individu enfermé dans sa tour d’ivoire égotique et égoïste, dans ses peurs, dans ses certitudes religieuses mortifères, à sa destinée de confiance et de simplicité qui est celle de toute âme qui se laisse guider par les étoiles.
C’est en grande partie la signification de l’Atout complémentaire de l’Atout XVI : Le Pape. Celui qui a la chance d’avoir rencontré La Tour et l’éveil spirituel qu’elle enjoint, devra devenir, lui-même, le berger d’un troupeau encore en chemin, tout comme Le Pape est l’enseignant spirituel par excellence du Tarot.
Cet Atout XVI enjoint enfin de cultiver en soi la parfaite confiance en son destin spirituel, et en l’amour du divin pour chacun de ses enfants. N’oubliez pas que la Tour est toujours cette antique Porte du Ciel qui est le sens véritable de ce symbole : elle ouvre sur le Ciel étoilé qui va suivre avec l’Atout XVI.
En tant que liée au quatrième Niveau du Tarot (les émanations du Ciel), La Maison Dieu trouve sa signification la plus aboutie.
Elle parle alors d’illumination, de réalisation, de transfiguration, de transmutation, de spiritualisation radicale de la vie humaine. L’éveil a quelque chose de brutal et d’évident. C’est une radicale transformation du rapport au monde qui engendre un nouveau monde autour de soi. L’humanité royale est alors en jeu.
La Maison Dieu représente aussi le dépassement de toute religion, l’ouverture à la sacralité spirituelle quand l’humanité est capable de faire de l’ensemble de la Terre, un Temple sacré.
Ps : merci pour l’arbre stylisé du site vivre ses racines.
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