Le dernier rêve de Socrate

Socrate, buste au musée du Vatican

Socrate, buste au musée du Vatican

Qui sait que Socrate, trois jours avant de mourir fit un rêve prémonitoire ?

C’est dans un des Dialogues de Platon que l’on apprend que Socrate confia ce rêve à Criton, son ami et disciple, après que ce dernier soit venu le visiter dans la prison où il était enfermé, en attendant que la sentence de mort prononcée par le tribunal d’Athènes soit exécutée.

Criton était entré très affligé dans cette prison d’Athènes où il surprit Socrate en train de dormir. Il  venait lui annoncer que le navire qui suspendait son exécution allait arriver sous peu dans Athènes. Les gens qui venaient de Sounion en avaient fait l’annonce. Socrate devait donc mourir ce jour même où Criton  venait, une dernière fois, lui rendre visite.

Une fois réveillé, Socrate expliqua, cependant, à Criton qu’il se trompait, qu’il n’allait pas mourir ce jour, qu’il resterait trois jours vivant et pourrait encore philosopher avec ses disciples.

Comme Criton s’étonnait de cette prédiction , Socrate s’en expliqua :

  • « Socrate : – (…) je me fonde sur un songe dont, au cours de cette nuit même, j’ai eu un peu auparavant la vision. Il y a même chance que, assez opportunément, tu ne m’aies pas réveillé !
  • Criton : – Mais qu’était donc ce songe ?
  • Socrate : – J’eus l’impression de voir venir à moi une femme, belle et pleine de grâce, portant des vêtements blancs, qui m’appela par mon nom et me dit « Socrate, trois jours après, tu peux arriver dans la Phthie fertile… »
  • Criton : – l’étrange songe, Socrate !
  • Socrate : Bien plutôt parfaitement clair, Criton, à ce qu’il me semble. »

Si Socrate savait quand il devait mourir, c’est parce qu’il venait de voir en songe, la Dame Blanche qui lui donna la date de sa mort. Celle-ci était manifestement une expression de la Déesse de la mort, peut-être la gracieuse Perséphone. Le blanc que porte la Dame, est en effet la couleur de la mort, de l’au-delà, du retour vers la Lumière divine. Cette Dame Blanche pleine de grâce annonça à Socrate que dans trois jour, il arriverait dans la patrie des héros, « la Phthie fertile », patrie d’Achille.

C’était une promesse d’une vie heureuse dans l’au-delà  que cette Dame fit à Socrate , tout en lui délivrant le message sur le temps qui lui restait à vivre.

Et ce rêve prémonitoire se révéla exact, puisque le navire qui suspendait le jugement de Socrate, arriva trois jours plus tard.

Socrate dut alors boire la cigüe, ce poison devenu célèbre en provoquant la mort d’une des personnalités les plus attachantes de l’histoire de la Grèce antique : le père de la philosophie .

 

Liliblue



CELYNE (voyante en privée et Célia sur avigora)

CélyneJ’ai eu la chance de découvrir Célyne (Célia) d’abord en voyance privée, mais je l’ai, aussi, consultée plusieurs fois sur la plateforme d’Avigora où elle officie sous le nom de Célia et cela pour des voyances ponctuelles, sur tel point précis, bien que parfois, en dix minutes, Célyne (Célia) me fait un panorama complet, mais bien sûr, rapide.

En 2013, j’ai eu le plaisir de voir Célyne reconnue dans le talent qui est le sien par Le Guide de la Voyance qui fait une sélection que je trouve assez rigoureuse d’une dizaine de voyants tous les ans, et plusieurs des voyants que j’apprécie sont, tous les ans, sélectionnés. Nous n’allons pas tarder à avoir la sélection 2015. Quoi qu’il en soit, c’est là que se trouvent les coordonnées de Célyne si vous désirez une voyance privée. Il y a en effet d’autres Célyne et d’autres Célia sur le net et il est important de savoir où chercher.

Célyne est une tarologue de qualité, et elle a le talent de développer précisément ses flashs. La première fois que je l’ai consultée, c’était en 2010, et sur la recommandation d’une amie de Suisse qui avait subi des problèmes de harcèlement qu’elle avait prédit un an à l’avance… Célyne effectivement n’est pas complaisante, et mon amie, dans un premier temps, à qui elle avait pourtant été recommandée, a pensé que c’était une mauvaise personne qui abusait de sa position pour effrayer les consultants et avait rangé ses prédictions dans un tiroir de sa mémoire qu’elle s’était dépêchée de refermer et d’oublier. Sauf que… un an après, se trouvant en plein dans un conflit de travail très avancé et très pénible, elle s’était souvenue de Célyne et avait repris contact avec elle pour obtenir son aide et ses éclairages.

Pour ma part, quand j’ai consulté Célyne en 2010, elle a vu les blocages futurs dans le travail que je faisais à l’époque, mais elle m’a rassurée en parlant de la protection d’une femme-chef ou chef adjointe, l’aide qu’elle m’apportait pour trouver une solution à l’amiable, puis la rupture avec le milieu pro, et le passage, en attendant d’une chef autoritaire, très autoritaire même. Célyne me voyait partir aux beaux jours, mais pas dans l’immédiat. Et je dois dire que ce fut bien vu, car je partis trois ans après,et ma chef-protectrice et vraiment bienveillante est, hélas, partie, remplacée par une sorte de sergent-chef au féminin très pénible.

Elle m’a ensuite parlé de ma vie affective, de la longue période d’aventure que j’aurais, avec différents partenaires, et je dois dire que c’est assez juste.

Pour moi Célyne (alias Célia) est une bonne voyante, même si elle s’est trompée une fois, de manière étonnante, sur une voyance ponctuelle, me parlant d’une rupture d’un homme parfaitement décrit lui aussi et qui devait me rejoindre après avoir quitté sa femme et déménagé, et qui, contre toute attente, m’a quittée, moi, pour retrouver sa femme dans son pays natal (à mon grand soulagement je dois dire, bien que sur le moment j’ai eu beaucoup de peine, car j’avais une amitié véritable pour lui, une amitié amoureuse).

Compte tenu des retours obtenus, à raison de plus de 50%, Célyne fait partie des voyantes que je connais et que je recommande.

Liliblue

Une lectrice de ce blog m’a demandé des nouvelles de Célyne, que j’ai contacté pour savoir si elle faisait toujours des consultations. Elle est joignable sur Avigora et en privé à partir de ce blog  :

http://celinelafaye.wix.com/emane-sens-by-celyne

Blog qu’on peut avoir aussi en tapant « Célyne voyance, emane et sens »



Joseph, mythique oniromancien

Joseph, mythique oniromancien dans Joseph, oniromancien peter-von-cornelius-joseph-interpretant-le-reve-de-pharaon-detail1

 

Dans le Pentateuque, un des Livres sacrés de la culture hébraïque reprise au sein de l’Ancien Testament dans la culture chrétienne, il y a quelques oniromanciens célèbres, mais le plus étonnant et puissant de tous, c’est Joseph, le fils de Jacob.

Joseph est surtout connu pour avoir fait l’interprétation des rêves de  Pharaon, ce qui lui valu le poste d’Intendant au Palais. Grâce à l’oniromancie, il sauva l’Égypte de la famine, mais aussi son Peuple, le peuple hébreu, tout en augmentant très radicalement le pouvoir de Pharaon sur les Égyptiens.

Tout le monde se souvient des sept vaches grasses suivies des sept vaches maigres du rêve que fit Pharaon et que Joseph interpréta comme sept  années d’opulence en matière de récoltes, suivies de sept années de maigres récoltes, ce qui permit l’organisation d’une réserve durant les sept années de riches récoltes, réserve que Pharaon utilisa ensuite pour nourrir un peuple qui, années après années, échangea d’abord son or, puis renonça à ses troupeaux pour obtenir la nourriture et, enfin, accepta le servage afin de ne pas mourir de la famine.

Cette interprétation que fit Joseph du rêve de Pharaon ne doit pas nous étonner. La vache est un animal sacré en Égypte. C’est même l’animal qui représente l’Égypte tout entière, en tant que terre nourricière et cela sous l’égide de la Déesse Hator, symbole de la fertilité et Mère céleste. Voir défiler sept vaches grasses, puis sept vaches maigres, puis voir les vaches maigres dévorer les vaches grasses était clairement l’avertissement onirique d’une grave menace sur l’Égypte. Le génie de Joseph fut de lier la temporalité de 14 années à cet avertissement.

hator-182x300 Joseph dans ONIROMANCIE

Préalablement à cette célèbre interprétation, Joseph s’était fait connaître des Pharaons car il avait interprété les songes de deux malheureux eunuques du Palais qui avaient été envoyés en prison, où Joseph se trouvait lui-même. Joseph, en effet, avait été vendu comme esclave en arrivant en Égypte, et son propriétaire qui l’appréciait, avait fait de lui son majordome. Mais Joseph était beau, et la femme du propriétaire de Joseph chercha à le séduire.  Comme il s’était refusé, la séductrice mentit à son sujet et il s’était retrouvé en prison.

Les deux eunuques dont Joseph analysa les rêves, étaient le grand échanson et le grand panetier de Pharaon :  le premier avait rêvé d’un cep de vigne divisé en 3 sarments et qui se mit à fleurir puis se chargea de fruits, l’échanson se voyant ensuite presser les fruits dans la coupe de Pharaon qui la but. Le second avait rêvé qu’il portait sur sa tête trois corbeilles à gâteaux, mais les oiseaux se chargèrent ensuite de dévorer les gâteaux qui s’y trouvaient.

Joseph fit alors une double prédiction restée célèbre  : au premier eunuque, il affirma qu’après passé trois jours, il retrouverait sa place auprès de Pharaon, au second qu’il serait exécuté et que c’est son corps que les oiseaux charognards se partageront. Et bien évidemment, ces prédictions se réalisèrent, conduisant ensuite le Panetier, revenu au Palais servir Pharaon, à se rappeler de Joseph et à en parler à son maître, quand ce dernier fit ce fameux rêve de Vaches grasses puis maigres et que personne ne parvenait à interpréter.

Avant ce  remarquable usage de ses talents d’oniromancien en Égypte, Joseph avait lui-même fait des rêves qui conduisirent à des prédictions que toute sa famille comprit, et cela, à ses dépens.

Il était alors un adolescent dans la famille de son père, Jacob, une famille polygame, puisque Jacob avait une épouse chérie, Rachel, la mère de Joseph, et une première épouse, Léa, qu’il n’a jamais aimée comme il aimait Rachel. En plus de ces deux épouses, Jacob avait pris deux concubines, Bilha la servante de Rachel, et Zilpa la servante de Léa. Chacune de ces quatre femmes eurent plusieurs enfants. Jacob fut le père de 13 enfants en tout, dont deux furent de Rachel. Léa fut la plus féconde, puisqu’elle eut 6 garçons et une fille, la seule fille de Jacob, la belle Dina.

Rachel par Harold Copping (détail)

On imagine à quel point la vie de ces femmes était difficile, à quel point la jalousie devait créer de graves dissensions entre elles du fait des préférences de Jacob. Les ethnologues des cultures polygames insistent en effet beaucoup sur la nécessité toujours réitérée, par ceux qui vivent dans ce type de communauté, d’une drastique équité dans la façon dont les femmes doivent être traitées par leur homme, cette équité étant le sol même de la paix et de l’harmonie familiale.

Une famille polygame où le mari puis le père fait des différences entre ses femmes et ses enfants, c’est une famille où couve une grande violence. C’est bien ce qui, à la fin de sa vie, a a conduit Mohammed, le Prophète musulman, à dire que la polygamie doit être évitée, car il est impossible de satisfaire cette équité radicale entre toutes les femmes comme entre tous les enfants sans laquelle la violence, l’envie, la jalousie et la haine s’installent dans les relations familiales. 

Jacob ne faisait pas seulement des différences entre ses femmes, il en faisait entre ses enfants. Ses enfants préférés, c’était  Joseph et Benjamin les enfants qu’il avait eu avec sa bien-aimée Rachel.

D’où la haine féroce qu’éprouvaient les autres fils de Jacob à l’égard du préféré, Joseph. D’autant que ce dernier était particulièrement doué et que ses dons auraient déjà en eux-mêmes suffit à susciter la haine de ses frères, particulièrement ceux de Léa, la soeur dédaignée de Rachel.

Voici le rêve que fit Joseph à 17 ans, alors qu’il vivait dans ce type de communauté polygame :

« Joseph fit un songe et il en fit part à ses frères qui le haïrent d’autant plus. Il leur dit : « Écoutez le rêve que j’ai fait : il me paraissait que nous étions à lier les gerbes dans les champs et voici que ma gerbe se dressa et qu’elle se tint debout, et vos gerbes l’entourèrent et elles se prosternèrent devant ma gerbe. Ses frères lui répondirent : « voudrais-tu donc régner sur nous en roi ou bien dominer en maître ? » et ils le haïrent encore plus, à cause de ses rêves et de ses propos. Il eut encore un autre songe, qu’il raconta à ses frères. Il dit : « j’ai encore fait un rêve : il me paraissait que le soleil, la lune et onze étoiles se prosternaient devant moi. » Il raconta cela à son père et à ses frères, mais son père le gronda et lui dit : « en voilà un rêve que tu as fait ! Allons-nous donc, moi, ta mère et tes frères, venir nous prosterner à terre devant toi ? » Ses frères furent jaloux de lui, mais son père gardait la chose dans sa mémoire. » (Gn, 37, 5-11)

Tout le monde connaît la suite : les frères de Joseph, après avoir eu envie de le mettre à mort, le vendirent à une caravane qui passait par là et se rendait en Égypte, afin qu’il soit mis en esclavage.

Je voudrais juste insister sur l’importance qu’accordait le peuple juif aux rêves dans ce tout début du destin d’Israël, et à la valeur de vérité qu’ils représentaient pour ce peuple. On savait que quelque chose de divin s’exprimait là, on savait aussi que, dans les rêves, se dévoilait, de manière imagée, le futur.

Tout le monde, dans la famille de Joseph avait en effet compris ce que les rêves de ce dernier signifiaient et la prédiction de sa dominance future qu’ils induisaient. Et tout le monde s’énerva, car les rêves de Joseph annonçaient ni plus ni moins qu’il était l’élu de Dieu et qu’un jour sa famille entière s’inclinera devant lui. L’énonciation de ses rêves et l’interprétation spontanée que tous en firent, ont déclenché le destin d’esclave de Joseph puis d’Intendant de Pharaon en Égypte.

Par-là, le Pentateuque annonce aussi que la puissance magique et occulte qui était notoirement celle des Égyptiens change de mains et devient celle des Hébreux parce qu’ils se sentaient le Peuple élu, en alliance avec Yahvé-Dieu. Et de fait, cette puissance magique assistera Moïse quand, des années plus tard, il voudra emmener son peuple, devenu esclave des Égyptiens, hors d’Égypte.

Retenons donc que Joseph, dans son talent exceptionnel d’oniromancien, ne fut pas un cas isolé. Il faisait en réalité partie d’une famille clairement oniromancienne, parce que prophétique, capable entendre la parole de Dieu.

Liliblue



Le grec et imaginaire Tirésias

tiresia-femme selon Johann Ulrich krauss (gif)Il semble que la non-voyance conduise à une perception extralucide chez certains individus célèbres de l’histoire ou de la littérature.

Au sein de la littérature grecque, Tirésias fut célèbre pour ses prédictions et ses révélations.

Appartenant à la ville de Thèbes, il n’était pas né devin, ni non plus aveugle, et son pouvoir et son handicap sont le fait d’une rencontre avec les dieux.

Il y a différentes versions de cette rencontre. Selon l’une de ces versions, sa cécité fut le résultat d’une punition décidée par la vierge Athéna que le jeune Tirésias aurait surprise nue.

Selon le poète Ovide, cependant, Tirésias, se promenant, aurait rencontré deux serpents dont il troubla du bâton l’accouplement. Il fut alors transformé en femme durant 7 ans. Revoyant lors de la huitième année les serpents en activité, il refit le même geste et redevint un homme.

Tirésias avait donc acquis une expérience unique et pouvait  comparer la vie de l’homme et celle de la femme. C’est pourquoi, quand Jupiter et Junon se sont disputés au sujet du sexe qui avait le plus de plaisir sexuel, Tirésias put départager le couple royal du Ciel : selon lui, sur dix parts de plaisir, la femme en aurait neuf et l’homme une seule.

Junon, furieuse que Tirésias dévoile un tel secret, le rendit aveugle, et Zeus lui accorda la double vue qui fit de lui un devin.

Dans tous les cas, nous voyons Tirésias puni de cécité pour avoir vu ou su des choses qu’il n’aurait pas dû voir ou connaître. Dans le récit d’Ovide, c’est avoir su et surtout dévoilé un secret féminin: la grande jouissance sexuelle des femmes. Cela mérite réflexion et approfondissement, mais tel n’est pas notre propos.

Tirésias, par ailleurs, tient un rôle essentiel dans les tragédies de Sophocle.

Dans Oedipe-Roi, Sophocle nous raconte comment l’oracle de Delphes fut interrogé à la naissance d’œdipe par Laïos, le roi de Thèbes. Ce dernier apprit alors qu’il serait tué par Oedipe qui, ensuite, épouserait sa mère. Laïos programma dès lors la mort de son fils Œdipe. Ce dernier, abandonné bébé dans la forêt, fut cependant recueilli par le roi de Corinthe qui l’éleva comme son fils, sans lui révéler qu’il était un fils adopté. Une autre prédiction a, ensuite, conduit un Œdipe devenu adulte, à fuir Corinthe pour éviter un parricide et l’inceste qui devaient encore être son destin. On sait qu’il rencontra alors, en chemin, son père incognito et qu’ils se battirent pour le droit de préséance ce qui conduisit au meurtre du Père qu’œdipe voulait justement éviter. A son insu, il épousa ensuite sa mère biologique car, après avoir délivré Thèbes de la Sphinge qui l’accablait, Œdipe avait acquis le droit de souveraineté ce qui impliquait qu’il épouse la reine devenue veuve de la ville de Thèbes. Mais la reine Jocaste n’était autre que sa mère biologique. Œdipe eut alors des enfants avec Jocaste, sa mère, des enfants dont il était à la fois le père et le frère aîné, mettant à mal toute chronologie et toute généalogie.

En punition pour cette double faute, la peste s’abattit sur la ville et Tirésias fut alors convoqué pour trouver la cause du mal.

Tirésias ne fit alors aucune prédiction. Son pouvoir de voyance consistait, à ce moment-là, à voir ce que personne ne savait : il révéla l’identité du coupable. C’est Œdipe lui-même qui découvrit ses fautes en même temps qu’il prenait possession de sa véritable identité, de sa véritable généalogie, thébaine et non corinthienne. Bien évidemment qu’Œdipe n’est pas coupable dans une conception moderne de la culpabilité, puisqu’il ignorait l’identité de ceux qu’il avait tué ou épousé. Mais au sein de cette représentation antique, il est l’origine du mal dont souffre la ville de Thèbes qui n’en sera purifié que par l’exil d’Œdipe.

Johann_Heinrich-Tirésias et Ulysse -giftNotons à quel point le besoin d’interroger oracle et devins apparaît, dès la Grèce antique, comme dangereux : c’est parce qu’il avait interrogé les Dieux que Laïos fut amené à faire ce qui allait devenir la cause de la réalisation des prédictions, créant un cercle extrêmement vicieux. Mais c’est aussi par le don divinatoire de Tirésias que la ville de Thèbes fut purifiée du mal.

Notons encore que, dans la mort même, Tirésias conservait son pouvoir de vision extralucide, et Ulysse, sur les conseils de l’enchanteresse Circée, est allé l’interroger, en descendant aux Enfers. Tirésias est donc aussi un personnage de l’Odyssée.

 

Il n’est pas difficile de voir dans le personnage de Baba Vanga, qui a découvert son don après avoir été aveuglée par un éclair, une sorte d’avatar moderne du très ancien Tirésias.

Liliblue



Le troisième rêve de Descartes

descartesLe troisième rêve de Descartes, tel que l’a rapporté son biographe, se présente en deux parties. Dans la première, le rêve est raconté, dans la seconde, commence l’interprétation que Descartes aurait faite dans le déroulé même du rêve, peu après s’être éveillé.

Première partie : le rêve

« Un moment après il eut un troisième songe, qui n’eut rien de terrible comme les deux premiers. Dans ce dernier, il trouva un livre sur sa table sans savoir qui l’y avait mis. Il l’ouvrit et, voyant que c’était un dictionnaire, il en fut ravi dans l’espérance qu’il pourrait lui être fort utile. Dans le même instant, il se rencontra un autre livre sous sa main qui ne lui était pas moins nouveau, ne sachant d’où il lui était venu. Il trouva que c’était un recueil des poésies de différents auteurs, intitulé Corpus poetarum etc. Il eut la curiosité d’y vouloir lire quelque chose et à l’ouverture du livre il tomba sur le vers « Quod vitae sectabor iter ? » (quelle  voie dans la vie sera la mienne ?) Au même moment il aperçut un homme qu’il ne connaissait pas, mais qui lui présenta une pièce de vers, commençant par « Est et non » (ce qui est et ce qui n’est pas), et qui la lui vantait comme une pièce excellente. M. Descartes lui dit qu’il savait ce que c’était et que cette pièce était parmi les Idylles d’Ausone qui se trouvaient dans le gros recueil des poètes qui était sur sa table. Il voulut la montrer lui-même à cet homme et il se mit à feuilleter le livre dont il se vantait de connaître parfaitement l’ordre et l’économie. Pendant qu’il cherchait l’endroit, l’homme lui demanda où il avait pris ce livre et M. Descartes lui répondit qu’il ne pouvait lui dire comment il l’avait eu, mais qu’un moment auparavant il en avait manié encore un autre qui venait de disparaître, sans savoir qui le lui avait apporté, ni qui le lui avait repris. Il n’avait pas achevé qu’il revit paraître le livre à l’autre bout de la table. Mais il trouva que ce dictionnaire n’était plus entier comme il l’avait vu la première fois. Cependant il en vint aux poésies d’Ausone, dans le recueil des poètes qu’il feuilletait et, ne pouvant trouver la pièce qui commence par « Est et non », il dit à cet homme qu’il en connaissait une du même poète encore plus belle que celle-là et qu’elle commençait par « Quod vitae sectabor iter ? » (quelle  voie dans la vie sera la mienne ?). La personne le pria de la lui montrer et M. Descartes se mettait en devoir de la chercher lorsqu’il tomba sur divers petits portraits gravés en taille douce, ce qui lui fit dire que ce livre était fort beau, mais qu’il n’était pas de la même impression que celui qu’il connaissait. Il en était là, lorsque les livres et l’homme disparurent et s’effacèrent de son imagination, sans néanmoins le réveiller. »

Deuxième partie : l’interprétation qu’en a donnée Descartes

« Il jugea que le dictionnaire ne voulait dire autre chose que toutes les sciences ramassées ensemble, et que le recueil de poésies intitulé Corpus poetarum marquait en particulier et d’une manière plus distincte la philosophie et la sagesse jointes ensemble. Car il ne croyait pas qu’on dût s’étonner si fort de voir que les poètes, même ceux qui ne font que niaiser, fussent pleins de sentences plus graves, plus sensées et mieux exprimées que celles qui se trouvent dans les écrits des philosophes. Il attribuait cette merveille à la divinité de l’enthousiasme et à la force de l’imagination, qui fait sortir les semences de la sagesse (qui se trouvent dans l’esprit de tous les hommes comme les étincelles de feu dans les cailloux) avec beaucoup plus de facilité et beaucoup plus de brillant même que ne peut faire la raison dans les philosophes. M. Descartes, continuant d’interpréter son songe dans le sommeil, estimait que la pièce de vers sur l’incertitude du genre de vie qu’on doit choisir, et qui commence par « Quod vitae sectabor iter ? », marquait le bon conseil d’une personne sage ou même la théologie morale. Là-dessus, doutant s’il rêvait ou s’il méditait, il se réveilla sans émotion et continua, les yeux ouverts, l’interprétation de son songe sur la même idée. Par les poètes rassemblés dans le recueil il entendait la révélation et l’enthousiasme, dont il ne désespérait pas de se voir favorisé. Par la pièce de vers « Est et non », qui est « Le oui et le non » de Pythagore, il comprenait la vérité et la fausseté dans les connaissances humaines et les sciences profanes. Voyant que l’application de toutes ces choses réussissait si bien à son gré, il fut assez hardi pour se persuader que c’était l’esprit de vérité qui avait voulu lui ouvrir les trésors de toutes les sciences par ce songe. Et comme il ne lui restait plus à expliquer que les petits portraits de taille-douce qu’il avait trouvés dans le second livre, il n’en chercha plus l’explication après la visite qu’un peintre italien lui rendit dès le lendemain. / Ce dernier songe, qui n’avait eu rien que de fort doux et de fort agréable, marquait l’avenir selon lui et il n’était que pour ce qui devait lui arriver dans le reste de sa vie. »

 Quelques remarques sur le rêve et sur l’interprétation qu’en a donnée Descartes :

Il semble que, préparé par les rêves précédents au sens de ce qui lui arrivaient cette nuit-là, Descartes a fait l’interprétation la plus claire de ces trois songes du 10 novembre 1619. Deux livres s’opposent dans ce troisième rêve. L’un apparaît sur la table, l’autre dans ses mains. Chacun est reconnu pour ce qu’il est, même si l’édition lui reste inconnue : le premier est un dictionnaire, le second un recueil de poésie.

Un dictionnaire a deux caractéristiques : il a une ambition de totalité, et son ordre est purement arbitraire, chaque mot étant convoqué pour lui-même, sans lien avec les autres mots. C’est très utile un dictionnaire, parce qu’il rassemble un savoir linguistique propre à une culture et à un moment donné, et le met à la portée de tout lecteur. Descartes l’aborde dès lors avec enthousiasme : il va lui être très utile. Espérance. Puis le dictionnaire disparaît et quand, convoqué par l’interlocuteur de Descartes il réapparaît, « il n’est plus entier ». Une partie du savoir a disparu, n’est plus disponible.

Pour tout lecteur de Descartes, le symbole est clair : il s’agit du savoir de son temps, savoir sans fondement scientifique, lacunaire, et peu systémique. Dans le Discours de la méthode, Descartes raconte comme il fut déçu par le savoir appris à l’école et dans les livres, un savoir venu de l’Antiquité, d’Aristote surtout, tel qu’il fut repensé par les théologiens. C’est ce qu’on appelait la scolastique, un savoir préscientifique qui ne peut satisfaire l’exigence de rationalité de Descartes. Mais Descartes va s’en défaire et vouloir tout repenser à partir de bases solides. Dans le rêve on voit ce détachement : le dictionnaire reste à l’autre bout de la table. Descartes le met ou le mettra à distance et s’en méfiera.

Au demeurant, dans sa propre interprétation de ce rêve, Descartes explicite lui-même le dédain qu’il a pour la scolastique et la révérence qui est au contraire la sienne pour les poètes qui expriment des vérités bien plus profondes.

Le second recueil a les faveurs de Descartes. D’abord, c’est un recueil de poésie. Deux poèmes s’y confrontent. Dans un premier temps, Descartes tombe sur un poème au sens très évident : « Quod vitae sectabor iter ? » : quelle  voie dans la vie sera la mienne ? Il ne faut pas oublier que Descartes est encore très jeune à cette époque de sa vie (il a 24 ans), et à ce moment, il n’avait pas encore décidé de consacrer sa vie à la connaissance, puisqu’au contraire, il s’était engagé dans l’armée du Prince d’Orange en Hollande. Son rêve manifeste un questionnement important à ce sujet. L’interlocuteur de Descartes (une partie de lui) propose à son attention un autre poème : « Est et Non » ce qui est et ce qui n’est pas. Ce poème existe en réalité, et dans son interprétation, Descartes y voit une expression du poème d’Ausone, intitulé L« Nai kai ou pytagorikon », c’est-à-dire : « le oui et le non des pythagoriciens ». Dans sa vie future, déterminée à partir de ses trois grands rêves, Descartes va se consacrer à la distinction  du vrai d’avec le faux, du réel d’avec l’irréel. C’est donc vers ce travail de  distinction du réel et de l’illusion qu’allait être orientée la vie de Descartes, comme si le second poème répondait directement à la question posée par le premier : « quelle voie sera la mienne ? » « trouver les moyens de distinguer entre ce qui est (et ce qui est vrai) et ce qui n’est pas (ce qui relève de l’illusion).  

Le dernier élément consiste dans ces petits portraits qui illustrent le livre de poésie, qui augmentent la beauté de l’ouvrage et qui n’existent pas dans l’édition réelle que connaît et peut-être possède Descartes. Là encore, on ne peut que constater l’opposition entre un dictionnaire souvent anonyme ou fait collectivement sans qu’on sache à qui appartient telle ou telle pensée, et le recueil que tient Descartes et qui renvoie très exactement à des personnes. Il ne faut pas beaucoup pousser l’interprétation pour rattacher ce détail au fait que la philosophie de Descartes renouvelle la discipline par la mise en lumière de l’importance de la subjectivité : la connaissance avec Descartes, aussi universelle qu’elle ambitionne d’être, est celle d’un sujet de conscience et donc d’une personne singulière. La pensée ne peut donc exister qu’en se désignant elle-même comme appartenant à tel ou tel philosophe, tel ou tel penseur, telle ou telle personne. Pour en revenir à la question posée par le premier poème et à la réponse donnée par le second, nous voyons que les portraits ajoutent une  précision : « à quoi consacrer ma vie ? » « à la recherche de la vérité, ce qui ne peut être le fait que d’une pensée individualisée et singulière (d’un ego cogitans) »

Descartes n’a, au réveil, plus aucun doute, il vient de faire de Grands Rêves, de ceux qui éclairent une destinée et la guident : « il fut assez hardi pour se persuader que c’était l’esprit de vérité qui avait voulu lui ouvrir les trésors de toutes les sciences par ce songe ».

Le père du rationalisme moderne, Descartes, a donc orienté toute sa vie et toute sa philosophie, à la lumière d’une interprétation de ces trois Grands Rêves. Il y a de quoi être surpris !

Liliblue



Lae, voyante sur Avigora

laeLae est une voyante qu’on peut consulter sur la plateforme Avigora.

Je l’ai consultée pour la première fois en 2011, et ma première consultation s’est fait au milieu de la tourmente professionnelle et affective qui m’avait conduite à surconsommer de la voyance. Et j’avoue que Lae, pour sa première prestation, aurait bien pu disparaître dans le paquet de voyants qui se sont trompés, et que je n’ai pas reconsultés.

Car, bien que Lae ait vu des choses très précises sur le plan pro, c’est avec un retard de deux ans que ses prédictions se sont réalisées, et en liant ce qu’elle voyait à ce que je vivais sur le moment, de ce fait, Lae a dit des choses erronées bien qu’à la relecture je comprenne le fond de voyance réelle qui soutenait son discours.

En revanche sur le plan affectif dans sa signification amoureuse et conjugale,  Lae est la seule voyante que j’ai consultée depuis la cartomancienne de Nouméa, qui a su parfaitement dater tout ce qui m’est arrivé depuis 2011 où je la consultais. Et ce ne m’était pas favorable.

Depuis cette première consultation, et après trois ans de rejet, j’ai repris contact avec Lae début 2014 et j’ai bénéficié de ses visions qui, depuis et jusqu’à maintenant, sont globalement justes, d’abord sur le plan professionnel où elle a bien vu que j’avais deux activités, et a parfaitement décrit chacune d’elle, ainsi que donné les dates importantes où il s’est passé des choses qui faisaient évoluer mon implication.

Ensuite, Lae, interrogée sur ma famille,  a vu les difficultés qui sont les miennes, là aussi, l’évolution précise, datée au mois près,  s’est réalisée telle qu’elle l’avait vue.

Sur le plan affectif-amoureux et conjugal, je l’avais consultée pour mon ami du moment, là aussi, je note, à la relecture une description de la personne, de mes attentes, et de l’évolution sur toute l’année 2014 qui est remarquable.

Je ne peux que constater que Lae a un don , même si, encore une fois, sur ce qui me troublait le plus en 2011, elle n’a pas pu me dire que j’allais avoir à vivre un enfer durant deux ans.Elle a bien parlé de l’enfer, mais il devait s’arrêter rapidement. Il est possible que, cette occultation fut une sorte de protection, car là où, pour moi ce n’était pas aussi important, l’affectif amoureux et conjugal, Lae fut sans complaisance et a vu et daté ce que j’allais vivre ensuite, ce qui ne m’a pourtant pas fait plaisir sur  le coup, mais me permet de vous dire que si Lae n’est pas complaisante, elle a un véritable don.

En outre, pour les petits budgets, il est intéressant de savoir que prendre avec Lae le forfait de 10 mn sur avigora peut valoir le coup, car elle est très rapide. Dans ma dernière consultation, elle a traité pas moins de quatre questions essentielles dans les 10 mns que j’avais prises.

Liliblue

Je reviens vers vous, car en cherchant d’anciennes consultations, j’ai retrouvé une consultation de Laé clairement ratée. C’était dans une période de grand stress et je dois dire que quand je relis les consultations d’alors, elles étaient toutes mauvaises. C’est à réfléchir, peut-être qu’il est impossible d’être captée quand on est en crise. Parfois, certaines voyance manquent de clarté, et restent un peu confuses. 

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Cela fait des années maintenant que je consulte Laé, au moins une à deux fois par an, parfois plus, car Laé est très rapide dans ses analyses. Je peux dire que cette voyante est l’une des plus performantes pour répondre, avec précision, et concision, ainsi qu’avec une invraisemblable justesse, aux questions qu’on lui pose. Excellente à mon sens, Laé est en même temps très accessible. 



Le second rêve de Descartes

Descartes jeune (gif)Après s’être réveillé, et avoir prié pour se protéger de toute mauvaise influence, Descartes se rendort, et fait un second rêve, dont Adrien Baillet, dans La vie de Monsieur Descartes de 1691,  nous fait le récit.

Le rêve :

 » Dans cette situation, il se rendormit après un intervalle de près de deux heures dans des pensées diverses sur les biens et les maux de ce monde. Il lui vint aussitôt un nouveau songe dans lequel il crut entendre un bruit aigu et éclatant qu’il prit pour un coup de tonnerre. La frayeur qu’il en eut le réveilla sur l’heure même et, ayant ouvert les yeux, il aperçut beaucoup d’étincelles de feu répandues par la chambre. La chose lui était déjà souvent arrivée en d’autres temps et il ne lui était pas fort extraordinaire en se réveillant au milieu de la nuit d’avoir les yeux assez étincelants pour lui faire entrevoir les objets les plus proches de lui. Mais en cette dernière occasion, il voulut recourir à des raisons prises de la philosophie et il en tira des conclusions favorables pour son esprit, après avoir observé en ouvrant puis en fermant les yeux alternativement la qualité des espèces qui lui étaient représentées. Ainsi sa frayeur se dissipa et il se rendormit dans un assez grand calme. »

Interprétation de Descartes :

« L’épouvante dont il fut frappé dans le second songe marquait, à son sens, sa syndérèse, c’est-à-dire les remords de sa conscience touchant les péchés qu’il pouvait avoir commis pendant le cours de sa vie jusqu’alors. La foudre dont il entendit l’éclat était le signal de l’esprit de vérité qui descendait sur lui pour le posséder. »

Notre interprétation :

N’étant plus à cette époque de Descartes où les rêves pouvaient être perçus comme des avertissements d’un Ciel qui menaçait de châtiments ceux qui désobéissaient à ses injonctions, nous ne pouvons pas suivre Descartes dans l’interprétation très marquée de cette peur propre aux temps passés dans la relation à la religion.

Les étincelles sont des parcelles de lumières, et il ne peut s’agir de la perception de véritables étincelles comme on peut en voir parfois quand le bois éclate sous l’effet de la chaleur, dans ce « poêle » où dort Descartes, qui est une chambre sans cheminée et chauffée par un chargement extérieur.

Il s’agit bien là, avec le bruit de tonnerre du début du rêve, d’une symbolique du feu et de la foudre.

Or ce coup de tonnerre évoque une révélation importante ou une prise de conscience aux effets bouleversants, et les étincelles, une régénération spirituelle.

Plus étonnante est la suite du récit où il est question de voir dans cette expérience quelque chose qui a déjà été vécu dans le passé. Descartes a-t-il eu cette vision d’étincelles à d’autres moments de sa vie ?

La fin du récit porte sans doute sur la dilatation des pupilles dans la nuit, ce qui rend Descartes capable de voir les objets de la chambre qu’il ne voyait plus en éteignant sa chandelle. Il éprouve alors, à voir le décor familier de sa chambre suffisamment de réconfort pour se rendormir.

Liliblue



Premier rêve de Descartes

Descartes jeune (gif)

Le premier rêve de Descartes dans la nuit du 10 novembre 1619

Qui sait que Descartes, le père du rationalisme, avait orienté sa vie en écoutant le message de trois rêves, faits en 1619 ?

Malheureusement nous n’avons pas d’écrits de Descartes qui racontent, de manière directe, ces fameux rêves qui ont joué un rôle dans l’orientation choisie de son destin et  considérés par Descartes lui-même, comme de véritables « songes initiatiques ». Il les a cependant bien consignés, en latin, sous le titre d’ « Olympica », mais c’est par son biographe, l’abbée Andrien Baillet, que l’histoire a conservé ces rêves, et nous ignorons dans quelle mesure cet homme fut fidèle à Descartes dans sa traduction. Tels qu’Andrien Baillet les a restitués, ces rêves sont cependant incontestablement parlant pour tous ceux qui ont eux-mêmes travaillés sur les rêves et leurs significations.

Un peu de contexte d’abord :

 Alors qu’il avait une vingtaine d’année, Descartes engagé dans les troupes du duc de Bavière, a quitté Francfort où il avait assisté au couronnement de l’empereur, puis s’est retiré dans une paisible solitude, bien décidé à réfléchir aux moyens de réformer les connaissances de son temps, qu’il jugeait bien trop obscures. Ses méditations sur les conditions et moyens de la vérité ont alors pris un tour surprenant : « La recherche qu’il voulut faire de ces moyens, nous dit son biographe, Adrien Baillet, jeta son esprit dans de violentes agitations, qui augmentèrent de plus en plus par une contention continuelle où il le tenait, sans souffrir que la promenade ni les compagnies y fissent diversion. Il le fatigua de telle sorte que le feu lui prit au cerveau et qu’il tomba dans une espèce d’enthousiasme, qui disposa de telle manière son esprit déjà abattu qu’il le mit en état de recevoir les impressions des songes et des visions. »

Le 10 novembre 1619, Descartes fit donc trois rêves si frappants et tellement signifiants qu’il se persuada qu’il s’agissait-là de visions, c’est-à-dire de messages  « qu’il s’imagina ne pouvoir être venu que d’en haut » et qui allaient l’aider à décider de sa vocation : quitter le monde militaire  pour se mettre au service de la vérité.

Le premier rêve :

« Après s’être endormi, son imagination se sentit frappée de la représentation de quelques fantômes qui se présentèrent à lui, et qui l’épouvantèrent de telle sorte que, croyant marcher par les rues, il était obligé de se renverser sur le côté gauche pour pouvoir avancer au lieu où il voulait aller, parce qu’il sentait une grande faiblesse au côté droit dont il ne pouvait se soutenir. Étant honteux de marcher de la sorte, il fit un effort pour se redresser, mais il sentit un vent impétueux qui, l’emportant dans une espèce de tourbillon, lui fit faire trois ou quatre tours sur le pied gauche. Ce ne fut pas encore ce qui l’épouvanta. La difficulté qu’il avait de se traîner faisait qu’il croyait tomber à chaque pas, jusqu’à ce qu’ayant aperçu un collège ouvert sur son chemin, il entra dedans pour y trouver une retraite et un remède à son mal. Il tâcha de gagner l’église du collège où sa première pensée était d’aller faire sa prière, mais s’étant aperçu qu’il avait passé un homme de sa connaissance sans le saluer, il voulut retourner sur ses pas pour lui faire civilité et il fut repoussé avec violence par le vent qui soufflait contre l’église. Dans le même temps, il vit au milieu de la cour du collège une autre personne qui l’appela par son nom en des termes civils et obligeants et lui dit que s’il voulait aller trouver Monsieur N. il avait quelque chose à lui donner. M. Descartes s’imagina que c’était un melon qu’on avait apporté de quelque pays étranger. Mais ce qui le surprit davantage fut de voir que ceux qui se rassemblaient avec cette personne autour de lui pour s’entretenir étaient droits et fermes sur leurs pieds, quoiqu’il fût toujours courbé et chancelant sur le même terrain et que le vent qui avait pensé le renverser plusieurs fois eût beaucoup diminué. Il se réveilla sur cette imagination et il sentit à l’heure même une douleur effective qui lui fit craindre que ce ne fût l’opération de quelque mauvais génie qui l’aurait voulu séduire. Aussitôt il se retourna sur le côté droit, car c’était sur le gauche qu’il s’était endormi et qu’il avait eu le songe. Il fit une prière à Dieu pour demander d’être garanti du mauvais effet de son songe et d’être préservé de tous les malheurs qui pourraient le menacer en punition de ses péchés, qu’il reconnaissait pouvoir être assez griefs pour attirer les foudres du ciel sur sa tête, quoiqu’il eût mené jusque-là une vie assez irréprochable aux yeux des hommes. »

Adrien Baillet, la Vie de M. Descartes, biographie, 1691, Livre 2, chapitre 1

L’interprétation de Descartes, d’après Adrien Baillet :

Descartes a interprété ses deux premiers rêves comme « des avertissements menaçants touchant sa vie passée qui pouvait n’avoir pas été aussi innocente devant Dieu que devant les hommes. Et il crut que c’était la raison de la terreur et de l’effroi dont ces deux songes étaient accompagnés. »

« Le melon dont on voulait lui faire présent dans le premier songe signifiait, disait-il, les charmes de la solitude, mais présentés par des sollicitations purement humaines. Le vent qui le poussait vers l’église du collège, lorsqu’il avait mal au côté droit, n’était autre chose que le mauvais génie qui tâchait de le jeter par force dans un lieu où son dessein était d’aller volontairement. C’est pourquoi Dieu ne permit pas qu’il avançât plus loin et qu’il se laissât emporter même en un lieu saint par un esprit qu’il n’avait pas envoyé, quoiqu’il fût très persuadé que c’eût été l’esprit de Dieu qui lui avait fait faire les premières démarches vers cette église ».

Nous voyons que cette interprétation de Descartes sur ce fruit, un melon, fruit rond, avec une écorce, signifie l’isolement qu’il apprécie comme condition de la méditation. Pourquoi pas, mais le melon a d’autres significations.

En ce qui concerne le vent, Descartes y voit le contraire du libre-arbitre. Ce serait un vent maléfique qui voudrait lui faire faire quelque chose qu’il avait pourtant bien décidé de faire. C’est très confus.

Notre interprétation :

L’entrée en jeu des fantômes de ce premier rêve ne doit pas nous étonner. Ce type de personnage a sa place dans l’univers onirique pour signaler le passage d’une frontière : celle qui sépare et relie le monde d’ici-bas et l’au-delà, ce passeur se révélant, selon Georges Romey, l’auteur du Dictionnaire de la symbolique, « l’un des plus sûrs conducteurs vers la réalité ». Les fantômes du premier rêve de Descartes indiquent dès lors qu’il prend pied dans l’univers de la surconscience qui parfois s’exprime dans les rêves, quand ceux-ci sont de grands rêves, de ceux qui changent une destinée.la

Il faut savoir aussi que la mère de Descartes est morte alors qu’il avait à peine plus d’un an. Or la mère est la première incarnation du principe féminin incarné par la gauche, cette partie sur laquelle Descartes va s’appuyer tout au long de ce rêve, pour s’ouvrir au message qu’il contient.

Le second élément énoncé dans ce rêve, c’est cette faiblesse que ressent le rêveur de son côté droit et la nécessité d’avancer en s’appuyant et penchant sur le côté gauche. Tout le monde, je pense, comprend que, pour ce mathématicien et rationaliste, le côté droit, fatigué, représente la rationalité, et le côté gauche figure la vie intérieure et poétique qui prendra une place essentielle dans le troisième rêve. En ce qui concerne le choix de sa vocation qui est en question dans les trois rêves de Descartes, il est clair que le rêve l’informe qu’il ne peut s’appuyer sur la seule raison, il doit même la mettre momentanément de côté. Ce symbole rejoint parfaitement le précédent, il s’agit d’une entrée en matière : il faut maintenant écouter la voix intérieure, l’intuition, celle qui, précisément, parle à la conscience de Descartes dans ces trois rêves.

Le vent impérieux qui fit faire au rêveur « trois ou quatre tours sur le pied gauche » peut être pensé comme le vent de Dieu ou le vent de l’intuition qui lui fait effectivement faire trois rêves, trois productions intuitives, qui auront le même but. Nous voyons que ces trois rêves sont nécessaires, car Descartes n’est pas à l’aise dans une telle démarche « étant honteux de marcher de la sorte, il fit un effort pour se redresser », il résiste à cette brusque entrée de l’intuition dans sa vie, et a donc besoin de cette répétition des trois rêves.

Pour sa part, il y voit l’expression d’un mauvais génie, qui veut lui faire faire par force ce que lui ne fera que par libre arbitre : entrer dans une église.

Quand, ensuite, Descartes est détourné de son projet pour suivre un autre homme et revenir sur des connaissances passées, nous voyons bien que c’est un vent de Dieu qui le ramène vers l’église. Cette image montre clairement que Descartes ne peut suivre personne d’autre, il ne ferait alors que régresser. Il doit inventer son propre chemin, mais il y sera conduit avec toute la puissance de son intuition géniale, une intuition presque médiumnique d’après son rêve.

Le quatrième élément c’est l’entrée dans la Cour du collège où se trouve l’église du rêve. Nous sommes là dans le temple intérieur. L’essentiel est désormais abordé, le vent alors peut diminuer.

Devant cette église, une personne accueille le rêveur avec civilité et lui donne un message qu’il comprend : il va recevoir un cadeau d’un certain Monsieur N. dont le biographe ne nous donne aucune indication, mais que le rêveur imagine comme lui donnant un melon. Voici le cœur du message : le fruit de son travail lui est promis, un fruit qui symbolise l’accueil du soleil par la terre (le melon est un fruit gorgé d’eau sucrée et qui ne pousse que dans des lieux très ensoleillés, sa forme et sa couleur évoquant aussi le cercle solaire), et donc cette spiritualisation de la matière que va représenter le travail de Descartes dans son effort pour rendre la pensée de l’homme plus consciente dans son cheminement.

Augustin  voyait dans le melon l’image des « «trésors en or de Dieu» inscrits dans la nature. Sa forme pourrait aussi évoquer le fruit du paradis perdu, celui de l’arbre « de la connaissance du bien et du mal » qui sera transformée par Descartes en connaissance du vrai et du faux. Les rayures du melon pourraient aussi faire penser au globe terrestre avec ses méridiens, et évoque l’idée d’une totalité, en lien avec ce système de connaissance totale qu’était alors la philosophie à laquelle Descartes allait se consacrer .

Le rêve malgré ses aspects pénibles (le vent puissant qui semble emmener Descartes contre sa volonté vers l’église, et la démarche  boiteuse) est très bénéfique : il annonce que Descartes ne travaillera pas en vain, qu’il bénéficiera d’une puissante inspiration qui l’empêchera de se perdre dans son chemin, le détournera des mondanités inutiles et régressives au regard de ce qu’il doit apporter au monde (la civilité qui, dans le rêve, tente de l’emmener à revenir sur ses pas).  Ce rêve annonce le succès éclatant qui sera celui de Descartes ensuite, parce qu’il apportera au monde entier (le globe du melon) une nourriture à la fois spirituelle, solaire, lumineuse et très matérielle, concrète, en adéquation avec la réalité (ce que symbolise encore ce melon promis du rêve).

Mais ce succès n’est pas encore proche dans le temps. Le passage du relais de témoin en témoin montre que l’obtention du fruit de son travail va exiger du temps, de la recherche et de nombreux échanges.

Le sixième élément du rêve, c’est la comparaison que Descartes fait entre lui et les personnes présentes dans l’église. Alors qu’il est tout courbé sur le côté gauche, les autres sont droits. Descartes s’appuie essentiellement sur son côté droit : la rationalité. Il est invité par son rêve à se tenir sur le côté gauche, c’est-à-dire à rééquilibrer sa pensée, faisant une place importante à l’intuition philosophique, et pas seulement à la recherche scientifique qui l’occupait alors beaucoup. Les personnes qui sont dans ce lieu sacré,  représentent au contraire de lui une forme supérieure d’humanité et un idéal à atteindre : l’usage équilibré des deux parties, rationnelle et intuitive, masculine et féminine du psychisme.

La sortie du rêve nous montre à quel point Descartes est pieux. Nous sommes dans une époque où la foi est vécue pleinement, et un tel rêve n’a pas manqué de conduire son auteur à la prière.

Nous voyons aussi comment la réalité du corps peut influencer les rêves. Descartes était couché sur le côté gauche, et souffrait d’une douleur (crampe ?). Cette relation entre réalité et rêve n’empêche rien de la profondeur du message du rêve. D’autant que Descartes fit ensuite, deux autres rêves, qui le prolongèrent et le confirmèrent.

Liliblue



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