Voyance et Temporalité 1 septembre
La ligne du temps inscrite dans la langue française
La conception ordinaire du temps rend la voyance impossible, d’où son rejet par la plupart des cartésiens et rationalistes en tous genres, au nom d’une vision conforme aux sciences. Pourtant il y a des recherches scientifiques sur la voyance, aux USA surtout, mais en France aussi. Nous en parlerons dans un autre article. Et surtout, en ce qui me concerne, il y a les preuves que j’accumule depuis plus de 20 ans, et si je compte mes propres rêves prémonitoires, plus de 40 ans.
Si la voyance existe, cela signifie que notre rapport au temps n’est pas celui qu’on croit, celui de cette ligne qui s’avance de gauche à droite, passant du passé au présent et du présent au futur. Déjà certaines conceptions philosophiques du temps ont repensé cette ligne en l’inversant : c’est le futur qui arrive au présent et s’écoule vers le passé.
Mais la voyance remet totalement en cause ces visions du temps linéaire, puisqu’au présent, certaines personnes captent des images du présent donc, mais qui parlent de l’avenir.
Comment est-ce possible ? Comme le disait déjà saint Augustin, le philosophe théologien à la base de la philosophie chrétienne, le passé est dépassé, donc n’existe pas, et l’avenir n’étant pas encore, n’est donc pas du tout. Ni le passé ni l’avenir n’existent. Seul le présent existe, et au présent, la mémoire du passé et l’anticipation de l’avenir qui sont des imaginations, des projections mentales dans des temps qui n’existent pas et que l’on fait exister en image seulement, une image fondée sur l’expérience du passé dans un cas, une image simplement inventée dans le cas du futur.
Si Augustin avait raison, le voyant serait un charlatan, ce que beaucoup de personnes pensent. Ils seraient d’habiles mentalistes, capables, à partir des informations du présent d’imaginer correctement le plus souvent un avenir dont le présent porte les traces visibles et analysables par toute personne attentive. Or, je peux témoigner que les meilleures voyances, qu’on m’a faites, l’ont été sur des images d’un avenir imprévisible au présent. Quand la cartomancienne de Nouméa m’annonçait, alors que je n’avais pas encore trente ans, que je rencontrerai le père de mes enfants peu avant 40 ans, cela m’a paru fort peu vraisemblable. Quand Peggy Hol me voyait travailler sur des projets artistiques où le professionnel et le technique seraient mêlés, et alors que j’avais, complètement, fermé la porte du cinéma, j’ai pensé à une extrapolation et non à la captation d’une image future. Or, quelques années plus tard, j’ai effectivement travaillé avec des designers, où les questions techniques et artistiques sont indissociables.
Bref…
Comment le voyant peut-il, au présent, capter des images du futur puisque le futur n’existe pas ?
Il faut en réalité admettre qu’il existe déjà.
Deux interprétations alors se heurtent à propos de ce futur qui existe déjà :
- ou bien ce futur est entièrement tracé, dans un déterminisme qui fait de l’homme un simple pantin, et le voyant ne ferait que capter ce qui est écrit depuis toujours dans le Grand Rouleau divin (pour parler comme Jacques le fataliste, le personnage de Diderot). On conçoit ce que cette vision de l’homme a de rebutant : c’est la liberté même qui disparaît là.
- Ou bien le futur est déjà en germe dans le présent, et c’est ce germe qui a déjà une consistance matérielle suffisante pour exister en image, ce que le voyant capte. Cette seconde vision, pour ma part, me semble juste. Et c’est elle que je vais essayer de rendre concrète.
N’importe quel médecin, sans être fataliste, peut voir, au présent, l’avenir d’une personne en fonction de ce qu’elle mange, boit, ou des activités physiques qui sont les siennes et d’une manière globale de son genre de vie. Il peut s’appuyer aussi sur la génétique. Ainsi, à un moment T et devant tel alcoolique, la cirrhose lui est visible. On peut même faire des statistiques pour chaque année d’alcoolisme, le pourcentage de « chance » d’avoir une cirrhose augmentant année après année pour un alcoolique.
On peut donc dire que la cirrhose est ce que capte, très rationnellement et au présent, tout médecin en face d’un alcoolique. Et à un moment donné cette prévision devient presque irrésistible (bien que pas totalement, un alcoolique pouvant mourir d’une autre façon, écrasé par exemple). C’est sur de telles captations rationnelles que se fonde la statistique médicale.
Car le présent est gros de l’avenir, bien qu’un avenir en formation.
Ce que captent donc, selon moi, les voyants, ce sont les expressions concrètes d’un présent en formation, et non en exécution. D’où les erreurs de la voyance qui ne sont pas toutes dues à l’insuffisance d’un don. L’avenir peut être changé. Une conduite meilleure, une meilleure hygiène de vie, une prise de conscience et pour certains, la prière peuvent créer progressivement une expression matérielle qui prendra la place de celle qui semblait inéluctable.
La voyance nous désigne donc une autre image du temps : au lieu de la conception linéaire du temps, il faut l’imaginer sous l’image d’une poupée russe : le présent c’est la poupée extérieure, et cette poupée contient en elle des couches et des couches d’avenir en devenir. La poupée la plus grande à l’intérieur de la poupée du présent, c’est l’avenir qui est presque là, tout près et que certains voyants captent aisément. Mais certains descendent jusqu’aux poupées les plus petites, captant la matérialisation incomplète d’un futur en construction dès maintenant. Cette matérialisation en construction est captable quand elle a déjà une certaine consistance du fait du passé et de la vie au présent.
D’une certaine manière donc, on peut dire que le voyant ne voit pas l’avenir mais une forme de présent, ou bien qu’il voit l’avenir, parce qu’il est déjà, concrètement, une partie du présent, contenu en lui, comme le chêne est contenu comme un potentiel d’être dans le gland.
Liliblue.
Philippe DEMARYS 4 septembre
Bonjour Liliblue,
Article passionnant.
Je me suis souvent posée les mêmes questions (plus de nombreuses lectures sur le sujet) et je suis arrivé au même raisonnement. L’avenir est en formation et peut être changé…
Ceci dit, je pense malgré tout que nous avons une « trame » générale qui n’est pas « négociable ».
C’est, de manière simplifiée, un peu ce que l’on voit sur la table du Bateleur…
liliblue 4 septembre
Bonsoir Philippe, et merci de votre participation active à ce blog naissant. J’ai effectivement lu des médiums attester de cette trame immuable. Certains pensent même que nous l’aurions choisie, avant de naître, pour expérimenter et progresser
A ce moment là, on pourrait dire que cette trame a quelque chose de l’éternité divine et qu’elle est immuable. Reste la façon dont on la vit, et reste aussi la multiplicité des petits choix de la vie sur lesquels se portent nos choix. Je me souviens d’une voyante qui m’avait dit : « je vous vois avec un certain François, vous allez aller à La Rochelle ». De fait, j’ai eu cette proposition pour moi très inattendue, d’un jeune homme qui prenait des cours de yoga dans le même centre que moi. Et je n’y suis pas allée. Juste parce qu’il me semblait important de rester libre de faire ou de ne pas faire ce que la voyance annonçait.
Il me semble cependant important de bien comprendre que ce que les voyants voient en image, ce que le tarot révèle aussi, c’est une réalité subtile certes mais déjà présente. Et parce que subtile, pouvant souvent être changée encore. Au moins dans la façon de le vivre. Sinon quel intérêt y aurait-il à savoir à l’avance ce qui va se passer ?